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Pendant ce temps à Barcelone

Barcelone pendant le référendum interdit par Madrid, Jour 5

La Catalogne en état de siège

Toute la soirée d’hier, les hélicoptères de la Guardia nationale espagnole ont surveillé la ville, et nous avons peu fermé l’œil cette nuit, tout comme beaucoup de Catalan.es qui ont passé la nuit à occuper des écoles qui auraient pu faire l’objet de fermetures par la Guardia. Heureusement, cela n’a pas été le cas.

Nous sommes donc partis très tôt, à 7h, pour Gérone, magnifique ville médiévale et véritable bastion de l’indépendantisme catalan. Le voyage vers la ville se faisait en autocar, et le tout était organisé par l’Association des Maires pour l’Indépendance (AMI), dont une adorable organisatrice, Elena, nous a accompagnés jusqu’à Gérone. Carles Puigdemont, président de la Catalogne, est précisément l’ancien maire de cette ville, et auquel a succédé Marta Madrenas i Mir. Cette dernière nous a accueillis généreusement aux alentours de 8h45 devant le bureau de vote où elle devait voter. Déjà, une importante file se formait et les gens étaient enthousiastes de voter, mais inquiets devant les rumeurs de potentielles fermetures de bureaux par la Guardia. La délégation internationale est accueillie très chaleureusement par les personnes sur place, qui semblent ravis de voir des dignitaires avides d’informations et souhaitant raconter leur histoire.

Autour de 9h15, inquiétude généralisée parmi les personnes attroupées devant le bureau de vote où nous étions. On apprend que le bureau de vote voisin, à seulement quelques centaines de mètres, a été rapidement fermé par la Guardia, qui a tassé et tabassé des gens, fracturé le bras d’une dame et saisi les urnes. Aussitôt, la tension monte parmi la file, et les Catalan.es présent.es forment une ligne, avec la mairesse de la ville et les hommes devant pour protéger leur démocratie. L’inquiétude et la colère sont palpables parmi les gens ne désirant que voter. Rapidement, les images de la fermeture violente des bureaux de vote à Gérone et à Barcelone circulent sur les réseaux sociaux, et des murmures d’incompréhension circulent parmi les personnes présentes. Une dame appelle quelqu’un en pleurant. Colère et indignation.

Attente. Rapidement, quelques minutes après la fermeture des bureaux voisins, des centaines de personnes affluent vers le bureau de vote restant où nous étions, qui est rapidement devenu le plus important. À 10h15, le vote se prend toujours, sans Guardia, et les gens en file forment rapidement une longue haie d’honneur pour laisser les personnes âgées voter en premier. Un homme de 94 ans, ayant connu le franquisme, a même été parmi les premiers à voter … et il a voté oui! D’heure en heure, la file s’allonge, et toujours pas de Guardia en vue. Le vote continue de se prendre.


Sur l’heure du dîner, nous nous retrouvons dans un café à proximité du bureau de vote afin de nous sustenter. Dans l’endroit règne une atmosphère tendue, où se mêlent colère et état de choc. Plusieurs personnes viennent nous montrer les images de la brutalité policière espagnole, et certaines d’entre elles sont rivées à l’écran de télévision, sur lequel défilent des vidéos de cette violence inouïe. Sur place, il s’agit du sujet de l’heure, et tout le monde en discute, abasourdi par cette situation politique sans précédent en Espagnole depuis la mort de Franco en 1975.

Peu de temps après notre diner, nous regagnons le bureau de vote, où nous continuons d’assister, de l’intérieur et de l’extérieur, au dépouillement du vote. Il va sans dire que la force de résistance et l’organisation catalanes sont impressionnantes, véritablement extraordinaires. Par exemple, le système électronique de votation, malgré certaines attaques, contient les listes électorales, et peut ainsi permettre aux personnes qui devaient voter à d’autres bureaux fermés de pouvoir voter à notre bureau, et d’éviter qu’une même personne puisse voter plusieurs fois. Il suffisait, pour les Catalan.es, de donner leur nom enregistré dans la liste et de montrer une carte d’identité, ce après quoi leur vote était noté et déposé dans l’urne. Le vote avait lieu dans une école primaire, qui avait été transformée en un bureau de vote pour la journée. Il était si émouvant de voir tous ces gens déterminés à voter et ce, malgré la fermeture de plusieurs centaines bureaux de vote, fermetures symptomatiques d’une culture politique et juridique aux relents de franquisme.

À 14h30, alors qu’il était temps de partir afin de regagner la ville de Barcelone, le vote se prenait toujours. Des délégué.es basques, qui nous accompagnaient dans l’autocar, avaient toutefois décidé de rester sur place, afin que la délégation internationale serve de poids moral et médiatique contre de possibles interventions de la Guardia à venir. C’est donc à la fois épuisés, choqués, incrédules et enthousiastes que nous avons regagné la ville en fin d’après-midi. Sur la route, nous avons croisé plusieurs voitures de la Guardia en route vers le nord de la Catalogne, et c’est dans un état d’inquiétude que nous avons regagné Barcelone.

Après un peu de repos à l’hôtel, nous avons ensuite décidé d’assister au grand rassemblement de dévoilement des résultats du référendum, qui se tenait à 20h à la Place de la Catalogne, à Barcelone. Sur place, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées et attendaient avec enthousiasme et joie de vivre. Les gens chantaient, dansaient, brandissaient leurs drapeaux catalans. De nombreux.ses Catalan.es applaudissaient ou huaient les interventions et discours télévisés qui étaient disponibles sur un grand écran. Y régnait une atmosphère familiale et festive, dans l’espoir d’un nouveau pays à naitre.

Autour de 22h30, les résultats du référendum sont annoncés. En vertu de la loi référendaire, les résultats officiels ne seront toutefois pas attendus avant au moins deux jours, mais les résultats dévoilés sont très positifs, et sont annoncés comme suit dans les médias catalans :

« Vots del sí: 2.020.144, el 89,29%

Vots del no: 176.566, el 7,8%.

En blanc 45.586, el 2,02%

Nuls: 20.129 vots, el 0,8%.

Vots totals: 2.262.424 »

À l’annonce des résultats, la foule se déchaine ; elle crie, applaudit, brandit drapeaux et affiches, pleure de joie, se câline, danse et fête. Des participant.es au rassemblement ouvrent des bouteilles d’alcool et aspergent leurs compatriotes. On fête en famille et entre ami.es, les casseroles retentissent des balcons. Nous ne pouvons qu’être émus devant cette manifestation de joie débordante et d’espoir en un avenir prometteur. Une atmosphère de véritable fête règne dans les rues de Barcelone. On discute joyeusement d’un futur meilleur et on rêve. C’est donc profondément inspirés par cette manifestation joyeuse et pacifique que nous avons regagné l’hôtel, profondément épuisés.

Or, si le vote catalan en faveur du Oui peut sembler prometteur, les nombreuses arrestations et fermetures de bureaux de vote viennent entacher cette journée démocratique. Le gouvernement de Rajoy, véritable honte pour la démocratie occidentale, se doit d’être fermement dénoncé, et à la fin de cette journée historique, nous attendions avec impatience les réactions de la communauté internationale. Le Premier Ministre belge, ainsi que de nombreux dignitaires britanniques, que nous saluons, ont été parmi les premiers à condamner fermement cette violence injustifiée à l’égard de gens pacifiques ne désirant que voter. Il va sans dire que cette journée, dédiée à un droit fondamental, celui de voter, ne va sans rappeler les mots du poète québécois Gérald Godin dans son poème Libertés surveillées, rédigé à la suite des évènements la Crise d’Octobre.

Quand les bulldozers d’Octobre entraient dans les maisons
à cinq heures du matin

Quand les défenseurs des Droits de l’Homme
étaient assis sur les genoux de la police
à cinq heures du matin

Quand les colombes portaient fusil en bandoulière
à cinq heures du matin

Quand on demande à la liberté de montrer ses papiers
à cinq heures du matin

il y avaient ceux qui pleuraient en silence
dans un coin de leur cellule
il y avait ceux qui se ruaient sur les barreaux
et que les gardiens traitaient de drogués
il y avait ceux qui hurlaient de peur la nuit
il y avait ceux qui jeûnaient depuis le début

Quand on fait trébucher la Justice
dans les maisons pas chauffées
à cinq heures du matin

Quand la raison d’état se met en marche
à cinq heures du matin

il y en a qui sont devenus cicatrices
à cinq heures du matin
il y en a qui sont devenus frisson
à cinq heures du matin

il y a ceux qui ont oublié
il y a ceux qui serrent encore les dents
il y a ceux qui s’en sacrent
il y a ceux qui veulent tuer

***

Virginie Simoneau-Gilbert

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Pendant ce temps à Barcelone

Barcelone à l’approche du référendum interdit par Madrid, Jour 4

Aujourd’hui, 30 septembre, a été une journée davantage légère, qui nous a permis, entre autres, de nous préparer au grand jour qui aura lieu demain.

Tout d’abord, nous avons débuté notre journée, après avoir bien dormi, en allant assister à un panel de droit international sur la question catalane. Ce dernier était organisé par le Centre Internacional Escarré per a les Minories Ètniques i les Nacions (CIEMEN) et réunissait Silvio Falcon, membre du gouvernement catalan, Daniel Turp, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Montréal et directeur de Institut de recherche sur l’autodétermination des peuples et les indépendances nationales  (IRAI) ainsi qu’Ana Stanič, avocate oeuvrant plus particulièrement au Royaume-Uni. Les trois conférenciers.ères nous ont entre autres exposé les différents enjeux juridiques entourant la question de la sécession de la Catalogne, tels la question du droit à la sécession en droit international et la violation des droits civils. Les conférenciers.ères nous ont également exposé en détail les actions posées par Madrid, au courant des dernières semaines, afin d’empêcher la tenue du référendum catalan, jugé illégal, ainsi que les réactions des différents membres de la communauté internationale.

Plus précisément, deux recours peuvent être envisagés par les Catalans en droit international.

  • Premièrement, celui de la sécession remède, que Mélanie Dubuy, maître de conférences à l’Université Nancy 2, définit ainsi : « Les partisans de l’indépendance du Kosovo ont revitalisé la théorie de la sécession remède devant les juges internationaux qui ont cependant décliné l’offre qui leur était faite de se prononcer sur sa positivité en droit international. Enoncée notamment par la Cour suprême du Canada (Sécession du Québec), cette théorie, qui représenterait une troisième voie dans la possibilité pour un peuple de faire sécession, reste un remède ultime. Défendue par une grande partie de la doctrine, elle repose sur l’idée selon laquelle lorsque le volet interne du droit des peuples à l’autodétermination n’est plus respecté (le droit constitutionnel de l’Etat et son système politique ignorant ou n’aménageant qu’une place insignifiante aux minorités), le volet externe peut alors être activé. Il faut que l’Etat viole systématiquement et gravement le droit interne du peuple à l’autodétermination (interdictions spéciales d’utilisation de sa propre langue, recours à des moyens brutaux pour imposer ces mesures, etc.) pour activer le versant externe du droit. Plusieurs Etats ont ainsi reconnu que la minorité albanaise du Kosovo était en proie à une campagne de violation massive des droits de l’homme et que la Serbie n’était pas disposée à intégrer l’ensemble de la population du territoire dans le système de représentation démocratique en place sans établir de discriminations liées à l’origine (Const. serbe, 2006).[1]»
  • Deuxièmement, les Catalan.es pourraient envisager, à la suite du référendum, de déclarer unilatéralement leur indépendance, option qui n’est pas jugée illégale en vertu de l’Avis sur le Kosovo émis, en 2010, par la Cour internationale de Justice (CIJ). Or, afin de pouvoir entrer de l’ONU et être reconnue comme interlocutrice internationale, la Catalogne doit obtenir les deux tiers des votes des États membres, ce que le Kosovo n’a toujours pas réussi à obtenir jusqu’à ce jour.

Il va sans dire que nous en avons énormément appris lors de cette conférence qui, je dois l’avouer, n’a fait qu’alimenter l’intérêt que j’avais déjà pour les études de droit. Ces panels ne font que confirmer l’idée selon laquelle le droit peut également constituer un vecteur de changement politique et social, et qu’on peut entreprendre des études de droit par désir d’implication politique avant le désir d’enrichissement personnel.

Par la suite, après avoir longuement dîné et discuté avec Daniel Turp, nous nous sommes rendus à la séance d’information et au cocktail, à l’Ateneu Barcelonès, qui étaient organisés par l’Association des Maires pour l’Indépendance (AMI). Demain, nous visiterons des bureaux de vote à Gérone avec d’autres observateur.trices de l’étranger, et l’activité est organisée par l’AMI. Nous avons donc pu recevoir, lors de cette séance, nos insignes et toutes les informations nécessaires au déroulement de la journée de demain.

Il va sans dire que nous sommes particulièrement excités à l’aube du grand jour! La tension est palpable dans les rues de Barcelone, après les nombreuses manifestations indépendantistes et espagnolistes des derniers jours. Encore aujourd’hui, une manifestation espagnoliste se tenait devant la Généralitat catalane (édifice du gouvernement catalan), à laquelle nous n’avons pas pu assister, malheureusement. Après un souper avec le réseau Québec-monde, nous sommes donc retourné à notre hôtel, où une bonne nuit de repos nous attendait!

Virginie Simoneau-Gilbert

[1] DUBUY, Mélanie. « La sécession remède (remedial secession) : avatar contemporain du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ? », Droit constitutionnel, repéré à http://www.droitconstitutionnel.org/congresNancy/comN2/dubuyR.html.

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Pendant ce temps à Barcelone

Barcelone à l’approche du référendum interdit par Madrid, Jour 3

Demain, le jour J : visite des bureaux de vote à Gérone avec d’autres observateur.trices de l’étranger. L’activité est organisée par l’Association des Maires pour l’Indépendance (AMI)

Aujourd’hui, 29 septembre, fut sans aucun doute une journée dédiée aux femmes politiques catalanes, dont la force est une source d’inspiration pour toutes ces jeunes femmes souhaitant s’impliquer politiquement.

En effet, nous avons débuté notre journée, à 9h, par une rencontre avec l’Union Générale des Travailleurs (UGT), filiale Catalogne, qui est le plus important et vieil organisme syndical d’Espagne. Ce syndicat regroupe plusieurs millions de travailleurs et est d’origine socialiste. Plus précisément, nous avons pu rencontrer, à leur centre de Barcelone, Laura Pelay i Bargalló, vice-présidente générale aux affaires externes et porte-parole, ainsi que Núria Solé i Domingo, secrétaire d’organisation. Nous avons également eu l’immense chance, durant cette rencontre, d’avoir une traductrice au français impeccable. Il faut savoir qu’en Catalogne, la plupart des grands syndicats se sont prononcés pour la tenue du référendum du 1er octobre, qui constitue un exercice démocratique légitime que tente d’empêcher Madrid. Les conférencières nous ont également parlé de divers sujets, dont les liens des syndicats à la préservation de la langue catalane, notamment dans des campagnes de préservation du système éducatif catalan, et au rôle que ces derniers jouent dans la tenue du référendum du 1er octobre. Enfin, la possibilité d’une grève générale des travailleurs et travailleuses comme moyen de pression à l’endroit du gouvernement de Madrid n’est pas à exclure.

Par la suite, nous nous sommes rendus, à midi, au Parlement de Catalogne, qui est situé dans le Parc de la Ciutadella. Bordé par de magnifiques jardins, ce dernier date de plusieurs siècles et est, en réalité, un ancien palais royal que les Catalan.es ont voulu comme lieu pour leur institution démocratique fondamentale.


Plus précisément, nous avons fait une visite guidée du Parlement, qui nous a permis d’en apprendre davantage sur l’histoire et le fonctionnement de cette institution.

Plus encore, durant cette visite, nous avons pu rencontrer Carme Forcadell, présidente du Parlement, députée pour Esquerra Republicana (« Gauche Républicaine » en catalan) et la coalition des Junts Pel Si, ancienne présidente de l’Assemblée nationale catalane de 2012 à 2015 et co-fondatrice de l’Assemblée nationale catalane, plus importante organisation indépendantiste civile. Professeure de littérature et langue catalanes, il s’agit d’une figure qui a joué – et joue encore- , un rôle fondamental dans le développement du mouvement indépendantiste catalan des dernières années. Carme Forcadell est une de ces femmes dont on doit saluer la détermination et l’audace de ses convictions, et qui m’influencera grandement dans mon implication politique.

Par la suite, à 15h, nous avions rendez-vous avec un représentant de l’Assemblée nationale catalane, fondée en 2012, au bureau de cette organisation civile majeure. Plus précisément, nous avons pu faire connaissance avec Francesc Bellavista i Solà, secrétaire national, qui nous a entre autres parlé de l’histoire de l’ANC et de son rôle crucial dans la tenue du référendum du 1er octobre. Au siège de l’ANC, nous avons pu admirer des articles de promotion (tels des t-shirts, affiches, autocollants, etc.) des précédentes importantes manifestations organisées par l’ANC depuis 2012, ainsi que le matériel référendaire de la présente campagne du Oui, en vente au siège. Il est impressionnant de voir à quel point, contrairement au mouvement indépendantiste québécois, le mouvement indépendantiste catalan fait preuve de ténacité, de sérieux, d’organisation, mais aussi de créativité et de joie de vivre. Baptisé « la révolution des sourires », en référence à son esprit joyeux et pacifique, le mouvement indépendantiste catalan constitue un exemple inspirant d’une lutte de libération nationale ayant choisi la voie de la non-violence.

Enfin, nous avons terminé notre journée, épuisés, en allant assister au grand rassemblement de fin de campagne référendaire, qui se tenait à l’Avinguda de la Reina Maria Cristina, tout près de la place de la Catalogne. Des milliers de personnes étaient présentes, de toutes les origines et de toutes les générations, des Catalan.es ayant vécu le franquisme aux plus jeunes. Discours politiques et chansons étaient au rendez-vous, dans une ambiance joyeuse, festive et familiale. Il était beau et émouvant de voir toutes ces personnes rassemblées chanter et applaudir au son des chansons et discours. Un vent d’espoir souffle sur la Catalogne, qui est prête à bâtir son État-nation et ce, tout en étant inclusive et chaleureuse à l’endroit des nouveaux arrivants.

Il va sans dire qu’un sentiment de jalousie nous habite depuis le début de notre séjour en Catalogne. Bien que nous soyons enthousiastes devant ce vent de libération qui souffle sur la Catalogne, nous sommes également découragés de constater l’état navrant du mouvement indépendantiste québécois, qui peine à faire le quart de ce que font les Catalan.es dans l’accession vers leur indépendance nationale. Près de 25 ans après la tenue du dernier référendum, la question de l’indépendance du Québec est peu mise en lumière dans le débat public et les partis peinent à former une véritable convergence indépendantiste. En ce sens, le mouvement catalan ne peut que nous inspirer.

Virginie Simoneau Gilbert

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Pendant ce temps à Barcelone

Barcelone à l’approche du référendum interdit par Madrid, Jour 2

La grande manifestation étudiante qui a réuni près de 80 000 personnes à la Plaça Universitat (mais 16 000 personnes selon la police).


Aujourd’hui, 28 septembre, nous avons entamé notre première journée de rencontres politiques officielles à Barcelone. Nous sommes très enthousiastes de débuter ainsi notre tournée politique, qui nous offrira l’occasion d’en apprendre davantage sur le contexte historique et politique catalan.

Tout d’abord, nous avons rencontré, à 9h, l’historien et co-fondateur de l’Assemblée nationale catalane (qui constitue la plus importante organisation civile indépendantiste) Víctor Cucurull i Miralles, qui nous a entretenu de l’histoire de la Catalogne et, plus précisément, du mouvement indépendantiste catalan des dernières années. Víctor Cucurull i Miralles est également l’idéateur du grand V qui avait été déployé dans Barcelone par 1,8 million de personnes le 11 septembre 2014. Nous avions eu d’ailleurs l’immense chance d’y assister dans le cadre de la précédente mission « Sur la route de l’autodétermination des peuples » (voir les archives de septembre 2014 du blogue pour davantage de détails). C’est donc avec grand intérêt que nous avons écouté Víctor nous livrer son récit de l’histoire médiévale catalane, de la conquête de la Catalogne par l’Espagne (1714) et de la spécificité historique de la nation catalane. La rencontre, qui avait lieu au quartier général du réseau Québec-Monde, nous a donc permis de tisser des liens entre l’histoire nationale québécoise et l’histoire nationale catalane qui, bien que similaires, se distinguent sur différents enjeux, notamment sur l’expérience du régime franquiste, qui a laissé les Catalan.es profondément meutri.es politiquement et cuturellement. En effet, ces derniers.ères ont notamment connu, sous ce régime, une répression linguistique sévère allant jusqu’à l’interdiction de parler le catalan.

Par la suite, à midi, nous nous sommes rendus à la grande manifestation étudiante qui s’est tenue à la Plaça Universitat et qui a réuni près de 80 000 personnes selon les organisateur.trices, mais environ 16 000 personnes selon la police catalane. Y régnait une atmosphère de fête et d’immense légèreté ; les sourires apparaissaient sur les visages de tous et toutes, et de nombreux.euses étudiant.es dansaient au son des tambours et des chants indépendantistes. Il faut également noter que la créativité des indépendantistes catalan.es est très impressionnante, et que ce mouvement multiplie les esquives et alternatives aux durs coups portés par le gouvernement de Rajoy au courant des dernières semaines. Cette créativité est d’autant plus frappante dans les manifestations, où de nombreux slogans et pancartes humoristiques sont présents.

C’est donc ainsi inspirés par cette atmosphère de fête que nous sommes, par la suite, allés assister au Gran Debat au Ateneu Barcelonès, qui est une maison culturelle majeure de la ville de Barcelone financée par de grands philanthropes. On peut y trouver, notamment, une vaste bibliothèque qui contient plusieurs milliers de livres, dont de nombreux datant du 19e siècle. Plus précisément, le débat, qui portait sur l’avenir de la Catalogne à l’aube du référendum, réunissait les personnalités politiques suivantes : Jordi Cuixart, président de Òmnium Cultural, Albano-Dante Fachin, député au Parlement de Catalogne pour Podem, Àngels Martínez i Castells, députée au Parlement de Catalogne pour Podem ainsi que Jordi Sànchez, président de l’Assemblée nationale catalane. La séance gratuite et ouverte au public était animée par Gemma Calvet i Barot, vice-présidente d’Ateneu Barcelonès.

Or, bien que nous étions en mesure de comprendre, quoique laborieusement, le sens général des idées qui étaient amenées dans cet échange stimulant, nous avons décidé de quitter le débat et de nous rendre au Craft Bar, à proximité, où se tenait une discussion en anglais organisée par BCitizen, une organisation d’étrangers.ères établi.es en Catalogne. La discussion réunissait deux journalistes, Tim Parfitt (auteur, producteur, correspondant en Espagne et en Catalogne et éditeur de la section anglaise du journal El Nacional catalan) ainsi que Lex Rietman (journaliste néerlendais correspondant en Espagne). La discussion était modérée par Adria Alsina (professeur en communications à l’Université de Vic) et portait sur la couverture internationale du référendum ainsi que sur les enjeux d’objectivité journalistique entourant cet évènement d’envergure.

C’est donc fatigués, mais excités, que nous sommes rentrés à notre hôtel, après cette journée aux évènements et rencontres des plus divers. Nous sommes particulièrement enthousiastes d’être au cœur d’un évènement historique majeur qui façonnera l’avenir de l’Europe. Nous aurons d’ailleurs, au courant de la journée de demain, des rencontres très importantes et chargées qui, nous l’espérons, constitueront une source d’inspiration et de réflexion pour l’avenir du mouvement indépendantiste québécois.

Virginie Simoneau-Gilbert

 

 

 

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Pendant ce temps à Barcelone

Photo de Virginie Simoneau-Gilbert.

Barcelone à l’approche du référendum interdit par Madrid, Jour 1

Aujourd’hui, 27 septembre, nous sommes arrivés en fin d’avant-midi à Barcelone sous un ciel ensoleillé, après avoir passé une nuit peu confortable à bord de l’avion. Quel plaisir de revoir Barcelone, trois ans après notre premier séjour!

Après nous être un peu reposés à l’hôtel, nous avons profité de notre journée afin de nous imprégner de l’ambiance et de la douceur de la ville. Nous avons tout d’abord amorcé notre séjour en Catalogne en nous joignant à un rassemblement qui débutait à 17h, à la Plaça Universitat. Ce dernier se voulait festif et comprenait plusieurs discours et pièces musicales appelant au droit du peuple catalan de décider démocratiquement de son avenir. Tout près de la place et devant l’Université autonome de Barcelone se tenaient divers kiosques militants de promotion du référendum, que nous avons pu observer.

Une joyeuse ambiance règne à Barcelone, à quelques jours du référendum, et ce, malgré les moyens militaires et juridiques déployés par Madrid afin d’en empêcher la tenue. Cette situation ne va pas sans rappeler les mots récents de l’écrivain catalan Marius Serra : « Partout, on semble prendre un malin plaisir à jouer au chat et à la souris avec le gouvernement central. Les gens font preuve d’une étonnante imagination. Il règne même en ce moment, à Barcelone, une étrange joie de vivre. »

Nous avons ensuite profité du restant de la journée pour prendre un verre avec les autres participant.es du Réseau Québec-Monde, et ainsi faire connaissance.

Enfin, nous avons terminé notre première journée en allant souper en terrasse, au bord de la mer, pleins d’enthousiasme pour la suite de notre voyage et pour l’avenir de la Catalogne. Il règne à Barcelone une atmosphère de légèreté, de joie naïve et d’espérance qui nous fera certainement mûrir politiquement, et qui nous fera revenir au Québec certes inspirés.

Si cette première journée peut donc sembler peu remplie, il va sans dire que les prochaines journées de notre séjour seront, elles, bien remplies. En effet, demain, nous rencontrerons, à 9h, l’historien et co-fondateur de l’Assemblée nationale catalane (ANC) Víctor Cucurull i Miralles, qui nous livrera son récit de l’histoire de la Catalogne et du mouvement indépendantiste des dernières années. Víctor Cucurull i Miralles est également l’idéateur du grand V qui avait été déployé dans Barcelone par 1,8 million de personnes le 11 septembre 2014, manifestation à laquelle nous avions eu l’immense chance d’assister. Le V symbolisait « pour voter » au référendum illégal du 9 novembre 2014. Par la suite, une manifestation étudiante est prévue pour midi, à la Plaça Universitat, et nous comptons bien y assister. Enfin, nous terminerons cette deuxième journée par une rencontre, en soirée, avec divers membres de la classe politique catalane.

Virginie Simoneau-Gilbert

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Sur la route de l’autodétermination des peuples – 4

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Virginie Simoneau-Gilbert, étudiante en Histoire et civilisation, sur la route de l’autodétermination des peuples.

JOUR 4 : Barcelone

Aujourd’hui était, tout comme hier, une journée dédiée à la fois au tourisme et aux rencontres diplomatiques. Quelle expérience enrichissante !

Tout d’abord, nous nous sommes dirigés pour 14h à la Sagrada Familia conçue par l’architecte Antoni Gaudi, l’une des premières figures du rayonnement international de la culture catalane. Cette basilique mineure est tout simplement ÉPOUSTOUFLANTE. Amorcée en 1882, sa construction est toutefois, à ce jour, inachevée, car cette oeuvre magistrale fut considérablement endommagée au cours de la Guerre civile espagnole (1936-1939). Premièrement, nous avons pu admirer la Façade de la Nativité, représentant la naissance et l’enfance de Jésus, située du côté est de l’église, là où le soleil se lève. Extrêmement riche et détaillée, cette façade laisse les nombreux visiteurs sans voix et ce, dès leur entrée sur le site.

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Tous sont sur le parvis, têtes levées, à contempler avec admiration ce chef-d’oeuvre d’architecture qui ne laisse personne indifférent. Deuxièmement, nous sommes entrés, déjà impressionnés, à l’intérieur de la basilique, où nous avons été profondément saisis d’une violente émotion.

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Que l’on soit croyant ou athée, la Sagrada Familia ne laisse personne indifférent de par sa magnificence et sa finesse dans le détail. Il en émane une grande sérénité, une sorte de force tranquille. Chaque élément architectural est chargé d’une symbolique chrétienne : La Façade de la Nativité, située à l’est (où le soleil se lève) dont la richesse et le dynamisme rappelle la naissance du Christ, les quatre colonnes centrales à l’effigie des évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean) en forme d’arbres symbolisant la vie et la Création, la Façade de la Passion, située à l’ouest (où le soleil se couche) dont l’utilisation des matériaux rappelle des ossements symbolisant la souffrance et la mort du Christ, etc.

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On sent, dans ce lieu de prière grandiose, la grande foi chrétienne et l’immense amour de la nature de l’architecte Antoni Gaudi, dont la tombe repose d’ailleurs au sous-sol de la Sagrada Familia, qui l’ont inspiré tout au long de la conception de cette église magnifique. Après avoir contemplé également la Façade de la Passion, nous sommes montés, à 16h45, dans les tours du même nom, qui offrent une vue d’ensemble fabuleuse de la ville de Barcelone et de la Sagrada Familia.

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Avis aux gens ayant le vertige : ne pas visiter ces tours, car elles font respectivement 112 et 107 mètres de hauteur ! Finalement, complètement ébahis par cet incroyable panorama de Barcelone, nous sommes descendus par un long et vertigineux escalier en colimaçon pour nous diriger vers le Museo Picasso.

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Par la suite, nous sommes arrivés, vers 17h30, au Museo Picasso, près du métro Jaume 1, pour y contempler la collection permanente des oeuvres du peintre espagnol cubiste Pablo Picasso, qui a d’ailleurs effectué une partie de ses études dans la ville de Barcelone où il fréquentait le café Els Quatre Gats.

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Ce musée en l’honneur de cet artiste majeur du 20e siècle ayant grandement été influencé par le modernisme catalan possède un nombre important de toiles réalisées par celui-ci. Des tableaux des différentes époques de son oeuvre y sont présents : ses sages débuts, sa période bleue, sa période rose, son plongeon dans le cubisme, puis dans le surréalisme ainsi que son étude du tableau « La Méninas » de Vélasquez que nous avons d’ailleurs analysé dans le cours de Bruno « De la modernité à l’hypermodernité ».

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Cette visite fut une expérience unique où se mêle à la fois incompréhension, fascination et admiration à la vue des toiles de Picasso. Cette oeuvre singulière, étonnante, provocatrice et audacieuse a de quoi capter les visiteurs qui affluent en grand nombre au musée chaque jour. Heureusement, malgré l’interdiction de prendre des photos, cette immersion dans l’univers artistique de Pablo Picasso restera longtemps gravée dans ma mémoire de par son caractère unique avant-gardiste.

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Puis, à 19h15, nous nous sommes assis à une table du Café Sabor où nous devions rencontrer Enric Stern Taulats, militant du parti politique Candidature d’Unité Populaire (CUP) et, à nouveau, Miquel Villa, représentant du Sindicat d’Estudiants dels Països Catalans. De 19h15 à 21h, assis autour d’une sangria (encore!) et d’une gaspacho (un mets typique de l’Espagne qui consiste en une soupe froide servie très souvent avec de l’huile d’olive et de petits craquelins), nous nous sommes entretenus avec ces deux militants sur la situation politique du Québec et de la Catalogne en mettant en lumière les liens historique, politique et social de nos deux nations en lutte. Afin de bâtir des relations internationales fortes, nous les avons d’ailleurs invités à venir rencontrer le mouvement indépendantiste québécois à Montréal.

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Malheureusement, nous n’avons pas pu rencontrer de représentants de l’Assemblée nationale catalane, car ceux-ci étaient particulièrement occupés ces derniers jours avec l’organisation de la grande manifestation du 11 septembre ainsi que la réponse aux médias internationaux à effectuer à la suite de ce rassemblement sensationnel. Toutefois, nous sommes très satisfaits des rencontres politiques que nous avons effectuées au cours des derniers jours. En effet, nous avons fait la connaissance de gens aimables, cultivés, intelligents et ouverts sur le monde avec lesquels nous resterons en contact. Ces diverses rencontres sont une expérience particulièrement enrichissante !

Finalement, après le souper avec ces militants catalans, nous sommes allés faire un tour à la Playa Barceloneta, où nous avons fait une baignade dans l’eau chaude de la Méditerranée. La plage, assez calme à cette heure, nous a permis de nous détendre un brin après cette journée chargée. Le doux son des vagues et le sable fin entre nos orteils nous a fait le plus grand bien !

Puis, nous avons regagné notre hôtel avec, encore une fois, un profond sentiment, à la fois, de satisfaction et de fatigue après ce séjour à Barcelone, ville magnifique, dynamique, cosmopolite, animée et chaleureuse.

Impressions de Barcelone : Barcelone est une ville où il fait bon vivre, magnifique, accueillante, chaleureuse, dynamique, animée, aux gens adorables et à la température chaude et ensoleillée. Nous avons particulièrement apprécié notre court séjour de trois jours dans cette ville chargée d’histoire, riche, vivante, étonnante. Notre seul regret est de ne pas avoir pu y rester plus longtemps afin d’explorer plus en profondeur cette merveilleuse métropole. Chose certaine, nous voulons y retourner encore et encore !

Vous trouverez, en cliquant sur les liens ci-dessous (dont un vidéo), davantage d’informations concernant la mission diplomatique de la délégation québécoise dans le cadre de la gigantesque manifestation en V du 11 septembre dernier :

– http://ssjb.com/manifestation-historique-a-barcelone-pour-lindependance-de-la-catalogne-maxime-laporte-et-des-militants-quebecois-au-coeur-de-laction/
– http://ssjb.com/mission-citoyenne-en-ecosse-et-en-catalogne-lever-le-vent-une-vague-despoir-pour-la-liberte-des-peuples-annexes/
– https://www.youtube.com/watch?v=Im86uCQQFL0

Demain : direction Berlin !

Plan du JOUR 5 :
Demain, nous nous envolerons à 9h50 vers Berlin où nous arriverons sur l’heure du dîner. Nous prendrons, bien entendu, un peu de repos en vue du colloque international du 15 septembre sur les nations aspirant à leur autodétermination où les peuples québécois, catalan, écossais et kurde seront représentés. Peut-être effectuerons-nous des rencontres diplomatiques et quelques visites de la capitale de l’Allemagne.

Lien vers l’album photo :https://www.facebook.com/virginie.simoneaugilbert/media_set?set=a.10205216994570228.1073741827.1406963457&type=3

Virginie Simoneau-Gilbert

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Sur la route de l’autodétermination des peuples – 2

Virginie Simoneau-Gilbert, étudiante en Histoire et civilisation, sur la route de l’autodétermination des peuples.

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JOUR 2 : Barcelone

Wow … Que dire de ce jour grandiose … Aujourd’hui était une journée tout simplement SENSATIONNELLE. Encore imprégnée de l’immense ferveur nationaliste de la grande manifestation « Ara és l’hora », je peine à ressembler mes pensées qui se succèdent à un rythme effréné.

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Tout d’abord, après un peu de repos, nous nous sommes dirigés, vers 13h, à l’Arc de Triomf où se balance fièrement au vent le drapeau catalan en ce moment historique de grands rêves et projets pour la Catalogne. Des milliers de personnes avaient déjà envahi la place et ce, près de quatre heures avant la grande manifestation, afin de se procurer, aux nombreux kiosques, macarons, t-shirts, colliers, bracelets et autres souvenirs à l’effigie du drapeau catalan. Sous le soleil radieux de Barcelone et une température avoisinant les 30 degrés, nous avons ainsi acheté nos t-shirts officiels, de couleur rouge, de la manifestation ainsi que plusieurs macarons du « SiSi ».

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Par la suite, à l’intersection des rues Passeig de Lluis Compagnys et Carrer de Tralfagar, nous avons assisté, dès 14h, au défilé des motos. Ces assourdissants bolides, affichant drapeaux catalans et exprimant bruyamment leur sentiment nationaliste avec bon nombre de klaxonnements et vrombissements, ont paradé pendant plusieurs minutes autour de l’Arc de Triomf en guise de préambule au grand rassemblement de 17h14. Fier, ce cortège tonitruant était tout simplement magnifique à voir. Une excitation grandissante régnait dans la foule qui attendait la grande manifestation avec impatience. Tous, jeunes et moins jeunes, étaient présents pour assister à cette assourdissante parade dans la joie et la fête. C’était vivant, animé, réjouissant, chaleureux.

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Finalement, le moment tant attendu est arrivé. Vers 16h, nous avons pris place au sein de la « tram 64 » de la grande manifestation en forme de « V » symbolisant la victoire espérée du camp du oui et incitant les électeurs à aller voter le 9 novembre prochain. Dans cette section du rassemblement, nous avons déployé un géant du drapeau du Québec dont les dimensions sont de 8 X 12 pieds. Nous avons également affiché une banderole sur laquelle est inscrite « Le Québec està amb volsatres » (« Le Québec est avec vous » en catalan) afin de donner un maximum de visibilité au Québec dans cet événement à grand déploiement.

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Peu de temps avant 17h14, les indépendantistes, venus en grand nombre, ont formé des rangées de quatre personnes par couleur de t-shirt (c’est-à-dire jaune et rouge) afin de représenter, dans une vue d’ensemble de la manifestation, les franges du drapeau catalan. Des bénévoles sur place et des panneaux indiquant les numéros des rangées aidaient d’ailleurs à placer les gens dans cette organisation importante et complexe. Une ambiance particulièrement festive était omniprésente. Ballons, pyramides humaines, musique et confettis participaient, de ce fait, à cette atmosphère de réjouissance. Aînés, familles et enfants, tous étaient de la partie afin d’exprimer leur amour incommensurable pour leur pays en devenir, la Catalogne. L’assemblée nationale catalane, devant cette masse colossale, a d’ailleurs estimé la foule à 1,8 MILLION DE PERSONNES ! Une profonde impression de grandeur et de splendeur émanait de cette foule grandiose aspirant à sa liberté et son indépendance. C’est avec admiration envers la Catalogne que j’ai ainsi participé à ce magnifique rassemblement. Ce gigantesque événement est ainsi un excellent modèle de maifestation pacifique et démocratique pour le mouvement indépendantiste québécois qui peine présentement à mobiliser la population. Devant ce fort sentiment nationaliste affiché et assumé, le Québec ne peut que s’inspirer positivement de cette puissante vague de liberté qui balaie présentement la Catalogne. C’est d’ailleurs en aspirant à un mouvement indépendantiste aussi éclatant que celui des Catalans que les rêves des leaders nationalistes du Québec, tels que le Chevalier de Lorimier, leader important de la Rébellion des Patriotes (1837-1838), seront réalisés : « Malgré tant d’infortune, mon cœur entretient encore du courage et des espérances pour l’avenir, mes amis et mes enfants verront de meilleurs jours, ils seront libres. Un pressentiment certain, ma conscience tranquille me l’assurent. », écrivait-il dans son testament en 1839.

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Bref, cette manifestation était tout simplement SENSATIONNELLE. Jamais de ma vie je n’ai pris part à un rassemblement aussi impressionnant. C’était festif, réjouissant, chaleureux, familial, rassembleur, grandiose, sublime, extraordinaire, incomparable. C’était beau.
C’est donc la tête remplie de magnifiques souvenirs que nous avons regagné notre hôtel en fin d’après-midi.

Déroulement du JOUR 3 :
Durant la troisième journée, le 12 septembre, nous allons effectuer d’autres rencontres politiques avec des représentants du Sindicat d’Estudiants dels Països Catalans (SEPC) à 12h ainsi qu’avec Anna Arque du réseau référendum 9N à 18h. Nous travaillons également présentement à obtenir une rencontre avec l’Assemblée nationale catalane dans les prochains jours.

Aperçu vidéo de l’ambiance de la grande manifestation :
https://www.facebook.com/video.php?v=10205225368379568

Lien vers l’album photo :
https://www.facebook.com/virginie.simoneaugilbert/media_set?set=a.10205216994570228.1073741827.1406963457&type=3

Articles et photos à propos de la mission à Barcelone :
http://quebec.huffingtonpost.ca/2014/09/11/manifestation-a-barcelone-des-quebecois-parmi-la-foret-de-drapeaux-catalans_n_5807404.html
http://ssjb.com/la-societe-saint-jean-baptiste-a-barcelone/
http://ssjb.com/selon-lanc-le-troisieme-referendum-quebecois-sera-gagnant/

Virginie Simoneau-Gilbert

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