Pendant ce temps à Barcelone

Barcelone à l’approche du référendum interdit par Madrid, Jour 2

La grande manifestation étudiante qui a réuni près de 80 000 personnes à la Plaça Universitat (mais 16 000 personnes selon la police).


Aujourd’hui, 28 septembre, nous avons entamé notre première journée de rencontres politiques officielles à Barcelone. Nous sommes très enthousiastes de débuter ainsi notre tournée politique, qui nous offrira l’occasion d’en apprendre davantage sur le contexte historique et politique catalan.

Tout d’abord, nous avons rencontré, à 9h, l’historien et co-fondateur de l’Assemblée nationale catalane (qui constitue la plus importante organisation civile indépendantiste) Víctor Cucurull i Miralles, qui nous a entretenu de l’histoire de la Catalogne et, plus précisément, du mouvement indépendantiste catalan des dernières années. Víctor Cucurull i Miralles est également l’idéateur du grand V qui avait été déployé dans Barcelone par 1,8 million de personnes le 11 septembre 2014. Nous avions eu d’ailleurs l’immense chance d’y assister dans le cadre de la précédente mission « Sur la route de l’autodétermination des peuples » (voir les archives de septembre 2014 du blogue pour davantage de détails). C’est donc avec grand intérêt que nous avons écouté Víctor nous livrer son récit de l’histoire médiévale catalane, de la conquête de la Catalogne par l’Espagne (1714) et de la spécificité historique de la nation catalane. La rencontre, qui avait lieu au quartier général du réseau Québec-Monde, nous a donc permis de tisser des liens entre l’histoire nationale québécoise et l’histoire nationale catalane qui, bien que similaires, se distinguent sur différents enjeux, notamment sur l’expérience du régime franquiste, qui a laissé les Catalan.es profondément meutri.es politiquement et cuturellement. En effet, ces derniers.ères ont notamment connu, sous ce régime, une répression linguistique sévère allant jusqu’à l’interdiction de parler le catalan.

Par la suite, à midi, nous nous sommes rendus à la grande manifestation étudiante qui s’est tenue à la Plaça Universitat et qui a réuni près de 80 000 personnes selon les organisateur.trices, mais environ 16 000 personnes selon la police catalane. Y régnait une atmosphère de fête et d’immense légèreté ; les sourires apparaissaient sur les visages de tous et toutes, et de nombreux.euses étudiant.es dansaient au son des tambours et des chants indépendantistes. Il faut également noter que la créativité des indépendantistes catalan.es est très impressionnante, et que ce mouvement multiplie les esquives et alternatives aux durs coups portés par le gouvernement de Rajoy au courant des dernières semaines. Cette créativité est d’autant plus frappante dans les manifestations, où de nombreux slogans et pancartes humoristiques sont présents.

C’est donc ainsi inspirés par cette atmosphère de fête que nous sommes, par la suite, allés assister au Gran Debat au Ateneu Barcelonès, qui est une maison culturelle majeure de la ville de Barcelone financée par de grands philanthropes. On peut y trouver, notamment, une vaste bibliothèque qui contient plusieurs milliers de livres, dont de nombreux datant du 19e siècle. Plus précisément, le débat, qui portait sur l’avenir de la Catalogne à l’aube du référendum, réunissait les personnalités politiques suivantes : Jordi Cuixart, président de Òmnium Cultural, Albano-Dante Fachin, député au Parlement de Catalogne pour Podem, Àngels Martínez i Castells, députée au Parlement de Catalogne pour Podem ainsi que Jordi Sànchez, président de l’Assemblée nationale catalane. La séance gratuite et ouverte au public était animée par Gemma Calvet i Barot, vice-présidente d’Ateneu Barcelonès.

Or, bien que nous étions en mesure de comprendre, quoique laborieusement, le sens général des idées qui étaient amenées dans cet échange stimulant, nous avons décidé de quitter le débat et de nous rendre au Craft Bar, à proximité, où se tenait une discussion en anglais organisée par BCitizen, une organisation d’étrangers.ères établi.es en Catalogne. La discussion réunissait deux journalistes, Tim Parfitt (auteur, producteur, correspondant en Espagne et en Catalogne et éditeur de la section anglaise du journal El Nacional catalan) ainsi que Lex Rietman (journaliste néerlendais correspondant en Espagne). La discussion était modérée par Adria Alsina (professeur en communications à l’Université de Vic) et portait sur la couverture internationale du référendum ainsi que sur les enjeux d’objectivité journalistique entourant cet évènement d’envergure.

C’est donc fatigués, mais excités, que nous sommes rentrés à notre hôtel, après cette journée aux évènements et rencontres des plus divers. Nous sommes particulièrement enthousiastes d’être au cœur d’un évènement historique majeur qui façonnera l’avenir de l’Europe. Nous aurons d’ailleurs, au courant de la journée de demain, des rencontres très importantes et chargées qui, nous l’espérons, constitueront une source d’inspiration et de réflexion pour l’avenir du mouvement indépendantiste québécois.

Virginie Simoneau-Gilbert

 

 

 

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