Pendant ce temps à Barcelone

Barcelone à l’approche du référendum interdit par Madrid, Jour 3

Demain, le jour J : visite des bureaux de vote à Gérone avec d’autres observateur.trices de l’étranger. L’activité est organisée par l’Association des Maires pour l’Indépendance (AMI)

Aujourd’hui, 29 septembre, fut sans aucun doute une journée dédiée aux femmes politiques catalanes, dont la force est une source d’inspiration pour toutes ces jeunes femmes souhaitant s’impliquer politiquement.

En effet, nous avons débuté notre journée, à 9h, par une rencontre avec l’Union Générale des Travailleurs (UGT), filiale Catalogne, qui est le plus important et vieil organisme syndical d’Espagne. Ce syndicat regroupe plusieurs millions de travailleurs et est d’origine socialiste. Plus précisément, nous avons pu rencontrer, à leur centre de Barcelone, Laura Pelay i Bargalló, vice-présidente générale aux affaires externes et porte-parole, ainsi que Núria Solé i Domingo, secrétaire d’organisation. Nous avons également eu l’immense chance, durant cette rencontre, d’avoir une traductrice au français impeccable. Il faut savoir qu’en Catalogne, la plupart des grands syndicats se sont prononcés pour la tenue du référendum du 1er octobre, qui constitue un exercice démocratique légitime que tente d’empêcher Madrid. Les conférencières nous ont également parlé de divers sujets, dont les liens des syndicats à la préservation de la langue catalane, notamment dans des campagnes de préservation du système éducatif catalan, et au rôle que ces derniers jouent dans la tenue du référendum du 1er octobre. Enfin, la possibilité d’une grève générale des travailleurs et travailleuses comme moyen de pression à l’endroit du gouvernement de Madrid n’est pas à exclure.

Par la suite, nous nous sommes rendus, à midi, au Parlement de Catalogne, qui est situé dans le Parc de la Ciutadella. Bordé par de magnifiques jardins, ce dernier date de plusieurs siècles et est, en réalité, un ancien palais royal que les Catalan.es ont voulu comme lieu pour leur institution démocratique fondamentale.


Plus précisément, nous avons fait une visite guidée du Parlement, qui nous a permis d’en apprendre davantage sur l’histoire et le fonctionnement de cette institution.

Plus encore, durant cette visite, nous avons pu rencontrer Carme Forcadell, présidente du Parlement, députée pour Esquerra Republicana (« Gauche Républicaine » en catalan) et la coalition des Junts Pel Si, ancienne présidente de l’Assemblée nationale catalane de 2012 à 2015 et co-fondatrice de l’Assemblée nationale catalane, plus importante organisation indépendantiste civile. Professeure de littérature et langue catalanes, il s’agit d’une figure qui a joué – et joue encore- , un rôle fondamental dans le développement du mouvement indépendantiste catalan des dernières années. Carme Forcadell est une de ces femmes dont on doit saluer la détermination et l’audace de ses convictions, et qui m’influencera grandement dans mon implication politique.

Par la suite, à 15h, nous avions rendez-vous avec un représentant de l’Assemblée nationale catalane, fondée en 2012, au bureau de cette organisation civile majeure. Plus précisément, nous avons pu faire connaissance avec Francesc Bellavista i Solà, secrétaire national, qui nous a entre autres parlé de l’histoire de l’ANC et de son rôle crucial dans la tenue du référendum du 1er octobre. Au siège de l’ANC, nous avons pu admirer des articles de promotion (tels des t-shirts, affiches, autocollants, etc.) des précédentes importantes manifestations organisées par l’ANC depuis 2012, ainsi que le matériel référendaire de la présente campagne du Oui, en vente au siège. Il est impressionnant de voir à quel point, contrairement au mouvement indépendantiste québécois, le mouvement indépendantiste catalan fait preuve de ténacité, de sérieux, d’organisation, mais aussi de créativité et de joie de vivre. Baptisé « la révolution des sourires », en référence à son esprit joyeux et pacifique, le mouvement indépendantiste catalan constitue un exemple inspirant d’une lutte de libération nationale ayant choisi la voie de la non-violence.

Enfin, nous avons terminé notre journée, épuisés, en allant assister au grand rassemblement de fin de campagne référendaire, qui se tenait à l’Avinguda de la Reina Maria Cristina, tout près de la place de la Catalogne. Des milliers de personnes étaient présentes, de toutes les origines et de toutes les générations, des Catalan.es ayant vécu le franquisme aux plus jeunes. Discours politiques et chansons étaient au rendez-vous, dans une ambiance joyeuse, festive et familiale. Il était beau et émouvant de voir toutes ces personnes rassemblées chanter et applaudir au son des chansons et discours. Un vent d’espoir souffle sur la Catalogne, qui est prête à bâtir son État-nation et ce, tout en étant inclusive et chaleureuse à l’endroit des nouveaux arrivants.

Il va sans dire qu’un sentiment de jalousie nous habite depuis le début de notre séjour en Catalogne. Bien que nous soyons enthousiastes devant ce vent de libération qui souffle sur la Catalogne, nous sommes également découragés de constater l’état navrant du mouvement indépendantiste québécois, qui peine à faire le quart de ce que font les Catalan.es dans l’accession vers leur indépendance nationale. Près de 25 ans après la tenue du dernier référendum, la question de l’indépendance du Québec est peu mise en lumière dans le débat public et les partis peinent à former une véritable convergence indépendantiste. En ce sens, le mouvement catalan ne peut que nous inspirer.

Virginie Simoneau Gilbert

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