Archives de Catégorie: Histoire

Louis Riel est pendu!

Le 16 novembre 1885 Louis Riel est pendu

«Il sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur.»

Le premier ministre, Sir John A. Macdonald

Extrait du discours prononcé par Honoré Mercier au Champ-de-Mars le 22 novembre 1885 devant plus de 50 000 personnes à l’occasion de la pendaison de Louis Riel:

« Riel, notre frère, est mort, victime de son dévouement à la cause des Métis dont il était le chef, victime du fanatisme et de la trahison; du fanatisme de Sir John et de quelques-uns de ses amis; de la trahison de trois des nôtres qui, pour garder leur portefeuille, ont vendu leur frère.

En tuant Riel, Sir John n’a pas seulement frappé notre race au cœur, mais il a surtout frappé la cause de la justice et de l’humanité qui, représentée dans toutes les langues et sanctifiée par toutes le croyances religieuses, demandait grâce pour le prisonnier de Regina, notre pauvre frère du Nord-Ouest…

Nous sommes ici cinquante milles citoyens, réunis sous l’égide protectrice de la Constitution, au nom de l’humanité qui crie vengeance, au nom de deux millions de Français en pleurs, pour lancer au ministre fédéral en fuite une dernière malédiction qui, se répercutant d’écho en écho sur les rives de notre grand fleuve, ira l’atteindre au moment où il perdra de vue la terre du Canada, qu’il a souillée par un meurtre judiciaire.

Quant à ceux qui restent, quant aux trois qui représentaient la province de Québec dans le gouvernement fédéral, et qui n’y représentent plus que la trahison, courbons la tête devant leur défaillance, et pleurons leur triste sort; car la tache de sang qu’ils portent au front est ineffaçable, comme le souvenir de leur lâcheté. Ils auront le sort de leur frère Caïn.

[…]

Chapleau a refusé la main d’un frère pour garder celle de Sir John; il a préféré les hurlements de quelques fanatiques aux bénédictions de toute la nation canadienne-française; il a préféré la mort à la vie; la mort pour lui, la mort pour Riel; sa carrière est brisée comme celle de Riel, seulement celui-ci est tombé en homme, celui-là en traître! »

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Histoire et destin politique du Québec

Détail d’une estampe illustrant la bataille de Saint-Eustache du 14 décembre 1837, lors de la rébellion des Patriotes.

Le développement d’une conscience nationale par l’étude de l’histoire du Québec

Le programme ministériel de 2017 a permis de remettre de l’avant, et avec objectivité, la trame nationale.

Thomas Paradis et Félix Bouvier, Le Devoir 10 / 10 / 2025

De récents sondages ont témoigné d’une montée du souverainisme chez les jeunes, notamment celui de CROP publié en août dernier, qui montre même qu’une majorité des 18 à 34 ans seraient en faveur de cette idée. Comme plusieurs, nous nous sommes questionnés sur les causes de la montée de l’idée d’indépendance chez cette tranche d’âge qui, depuis les deux dernières décennies, était de manière générale assez défavorable à cette idée. C’est en s’informant au contact d’entrevues portant sur le sujet, de reportages comme celui de Mounir Kaddouri, chez Urbania, et de balados comme Génération OUI, qu’une tangente s’est dessinée. Beaucoup de jeunes y affirmaient être devenus souverainistes au contact de l’histoire du Québec, mais surtout des événements majeurs de sa trame politique, tels que la Conquête, les rébellions des Patriotes, ou encore l’étude des référendums.

En lien avec ce rapport à l’histoire du Québec, nous avons remarqué que, dans le reportage Les nouveaux souverainistes de Mounir Kaddouri, les jeunes qui s’identifiaient à l’idée d’indépendance étaient surtout de très jeunes adultes, soit entre 18 et 22 ans. Cette tranche d’âge correspond bien à celle qui a suivi le programme Histoire du Québec et du Canada de 2017, qui introduit davantage l’étude de la trame nationale et des événements marquants de notre histoire politique. Selon nous, il y a un lien à faire entre les deux.

Le retour d’une conscience nationale

À notre avis, cette montée du souverainisme serait une conséquence du développement d’une conscience nationale, qui se ferait au contact de la trame nationale et des divisions vécues dans l’histoire du Québec et du Canada. En prenant acte des moments et des dynamiques qui ont forgé la société québécoise dans laquelle ils évoluent, les élèves seraient davantage portés à s’identifier au Québec et à vouloir se prononcer sur son avenir. La question nationale traversant notre histoire depuis au moins la Conquête de 1760, il est normal qu’à son tour cette génération veuille en débattre.

Ainsi, si l’apprentissage de l’histoire du Québec permet de développer une conscience nationale, pourquoi les jeunes semblaient-ils délaisser la question nationale il y a quelques années à peine ? Selon nous, l’une des pistes se trouverait dans le changement de programme d’histoire en 2017, cela précédé d’un grand débat (2006-2017) au Québec sur cette question. À ce sujet, une étude récente que nous avons menée a prouvé que les manuels d’histoire issus du programme de 2006-2007 avaient réduit ou même mis de côté plusieurs des temps forts de l’histoire politique canadienne et québécoise, comme la Conquête, les rébellions des Patriotes ou l’étude des référendums, pour ne nommer que ceux-là.

De plus, à maintes reprises, les atrocités subies, par exemple lors de la guerre de la Conquête (la Défaite) des années 1754-1760 par le peuple canadien, devenu ensuite canadien-français (1840-1960), puis québécois, n’étaient pour ainsi dire pas abordées. Il en va de même pour les référendums sur l’indépendance. Les grands acteurs, autant du côté souverainiste que fédéraliste, n’étaient souvent que nommés, les arguments défendus par les deux camps étaient pratiquement absents et certains manuels allaient même jusqu’à délaisser complètement l’étude de ces deux moments majeurs de notre histoire politique contemporaine. On peut donc affirmer que les manuels ne permettaient pas à l’élève de saisir l’essence de ces événements, ainsi que leur importance historique, voire actuelle par ses conséquences séculaires.

C’est toutefois la mise en contact des élèves avec les événements dans leur intégralité qui leur permet de s’identifier au parcours de la nation, à travers les échecs et les difficultés qu’elle a vécus, mais aussi ses nombreux beaux succès, le Québec faisant l’envie, sans doute, de bien des nations minoritaires dans le monde. C’est d’ailleurs Gérard Bouchard qui, dans son ouvrage Pour l’histoire nationale. Valeur, nation, mythes fondateurs (Boréal), publié en 2023, recommandait l’enseignement de l’histoire nationale à travers des valeurs et des principes universels tels que la liberté, l’égalité, la démocratie et la justice sociale afin de faire le pont entre les expériences individuelles de l’élève (peu importe son parcours, son milieu familial et ses origines) et les expériences vécues au fil du passé national.

Le programme ministériel d’Histoire du Québec et du Canada de 2017 et les manuels qui en découlent remettent de l’avant avec objectivité, pensons-nous, la trame nationale et les difficultés vécues par la nation en utilisant notamment un vocabulaire plus connoté et en abordant par exemple le non-respect des libertés, les inégalités et les ruptures de démocratie à travers notre histoire, le plus souvent face au conquérant anglo-britannique. Le tout pousserait donc l’élève à développer un sentiment d’appartenance envers le Québec, et ce, peu importe son origine.

L’enseignement de l’histoire pourrait donc permettre aux jeunes de développer une conscience nationale, qui les pousserait à se positionner de façon beaucoup mieux informée sur la question nationale qu’entre 2007 et 2017, avec le programme Histoire et éducation à la citoyenneté au deuxième cycle du secondaire. Si l’on ajoute à cela un contexte politique dans lequel un parti souverainiste proposant un référendum dans un premier mandat mène actuellement dans les sondages, le climat devient encore plus propice au développement d’un intérêt pour la question de la place du Québec au sein du Canada, ou à l’extérieur de celui-ci.

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Automne

Twombly, Quattro Stagioni: Auttunno,

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Ken Dryden 1947-2025

Ken Dryden par Serge Lemoyne (1975)

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Posthumains

Posthumains, ONF

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La bibliothèque d’Umberto Eco

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15 février 1939

Montréal, 15 février 1839, pendaison des Patriotes. «Je me souviens».

«Je meurs sans remords. Je ne désirais que le
bien de mon pays dans l’insurrection, et son
indépendance ; mes vues et mes actions étaient
sincères, n’ont été entachées d’aucuns crimes qui
déshonorent l’humanité et qui ne sont que trop
communs dans l’effervescence des passions
déchaînées. Depuis dix-sept à dix-huit ans, j’ai
pris une part active dans presque toutes les
mesures populaires, et toujours avec conviction et
sincérité. Mes efforts ont été pour l’indépendance
de mes compatriotes.»

Chevalier de Lorimier, Dernières lettres d’un
condamné

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Montréal 1947

Hôtel Saint-James, Archives de Montréal

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Irréductibes Québécois!

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10 janvier 2025 · 2:13

Joyeux Noël!

Giotto, Nativité, 1304

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« Je vous serre la main, poète»

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17 décembre 2024 · 4:39

La voix de Freud

Freud Museum London

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Québec, USA?

Le Canada américain, de George Washington à Donald Trump

Dave Noël, Le Devoir, 7/12/24

« (…) L’adhésion du Bas-Canada, l’ancêtre du Québec, aux États-Unis est l’une des issues possibles de la lutte armée qui s’annonce à l’été 1837 entre les patriotes canadiens et les forces du régime. En témoigne la manifestation de Sainte-Scholastique, où le tricolore vert, blanc et rouge des partisans de Louis-Joseph Papineau flotte aux côtés du Stars and Stripes et d’un énigmatique drapeau sur lequel est peint un aigle tenant une feuille d’érable au bec.»

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L’exécution du Che

Le 9 octobre 1967 Ernesto Che Guevara fut exécuté à La Higuera par l’armée bolivienne.

Le corps du Che

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Grande et petite histoire

Grande et petite histoire chez Thomas Chapais

Karim Chahine, Le Devoir, 1/10/24

Le 24 novembre 1916, Thomas Chapais inaugure une série de cours publics donnés à l’Université Laval sur l’histoire du Canada devant une salle comble, où se trouvent des personnages d’envergure. Chapais commence son cours avec le dénouement de la guerre de la Conquête, à partir de ce qu’il nomme « la dernière heure de la Nouvelle-France », et il le conclut avec l’avènement de la confédération en 1867. Cette dernière date représente, selon lui, l’apogée de l’autonomie politique et de la bonne entente entre les deux peuples fondateurs.

En publiant son Cours d’histoire du Canada sous forme de livre, Chapais se tourne résolument vers ce qu’il nomme la grande histoire. Bien conscient des questions formelles liées à l’écriture de l’histoire dans une synthèse, il spécifie que le cours, contrairement à̀ un ouvrage exclusivement produit pour la lecture, « doit viser davantage au tableau d’ensemble et à l’accentuation plus vive des faits, des moments caractéristiques ».

De façon analogue, la notion de « vue d’ensemble » revient dans les quatre avant-propos qui ponctuent le Cours d’histoire du Canada, tout comme celle de « grandes lignes » qu’on retrouve à plusieurs endroits dans l’ouvrage. Ces « grandes lignes » marquent un changement dans la focale de l’historien.

C’est au moyen de ces notions que Chapais analyse le travail de Bossuet et son fameux Discours sur l’histoire universelle qu’il range parmi les synthèses : « Bossuet est arrivé au terme de la course qu’il s’est assignée à travers les siècles et les évolutions de l’humanité. Et se recueillant un moment, [il jette] son regard d’aigle sur ce vaste champ de fluctuations et de transformations des États et des peuples… »

Narration

Thomas Chapais associe « la voix narrative à un oeil, à une position physique », ici au regard d’un aigle, analogie qui n’est pas sans rappeler le surnom d’« Aigle de Meaux » de Bossuet. Cette position en hauteur se rapporte à la conception que se fait Chapais de la grande histoire et de son cadre synthétique.

La notion de « grandes lignes » et l’idée d’un fil conducteur à refaire nécessitent une perspective nécessairement plus reculée et une focale moins serrée. Cela est encore plus vrai lorsqu’il est question d’un ouvrage de huit tomes couvrant plus de deux siècles d’histoire.

C’est l’imagination qui met en oeuvre, qui rassemble et dispose, qui colore et anime, qui insuffle une vie nouvelle aux personnages couchés dans le tombeau.

Ce point de vue synthétique se distingue de celui adopté pour la monographie, qui aborde généralement un élément précis ou, du moins, un espace temporel ou géographique plus restreint. Pour traiter de l’évolution politique des Canadiens français depuis la Conquête à travers une longue série de leçons, Chapais spécifie que, « de manière à ne pas trop fatiguer l’attention d’un auditoire bienveillant, il convenait de procéder surtout par vues d’ensemble en même temps que par étapes nettement indiquées ».

Le découpage des différentes parties de la synthèse en vient donc à acquérir une importance didactique qui permet notamment de conserver l’attention de l’auditoire et du lecteur. L’approche qui mise sur ces tableaux peut être qualifiée de « poétique », notamment lorsque l’on s’attarde aux adjectifs qui les accompagnent : « triste tableau », « tableau d’un sombre coloris », « tableau d’une émouvante et terrifiante beauté », « sombre tableau ».

Photo: BAnQ (1946)Historien et journaliste, Thomas Chapais a également mené une longue carrière en tant qu’homme politique.

Émotion

Les mots utilisés renvoient à une volonté de créer une émotion à travers une impression rendue possible par la double vocation que Chapais prête l’histoire, à la fois science et art. Il va même jusqu’à affirmer que l’imagination est une qualité nécessaire de l’« historien véritable », car la science et l’érudition ne permettent qu’un travail de recension des faits et des dates.

« C’est l’imagination, écrit Chapais, qui met en oeuvre, qui rassemble et dispose, qui colore et anime, qui insuffle une vie nouvelle aux personnages couchés dans le tombeau, et qui redonne au passé la figure et l’accent qu’il avait eus un jour avant d’être obscurci par les ombres du temps. »

Malgré tout, à travers cette détermination à créer quelque chose de beau sans sombrer dans le fabuleux, une tension est perceptible entre la volonté d’accentuer les faits et celle de rendre aux choses leur juste proportion. L’accentuation peut-elle demeurer méthodologiquement contrôlée grâce à la saine critique historique ? C’est du moins la prétention de Chapais qui s’attribue « le mérite d’un effort constant et énergétique pour atteindre l’exactitude et respecter la justice » dans le but d’éviter à la fois l’exagération et l’atténuation.

En faisant tendre la finalité de l’accentuation vers le respect d’une certaine idée de la justice, Chapais prolonge cette proximité précédemment évoquée entre la posture du juge et celle de l’historien. Cette posture impartiale, mais non pas impassible, donne donc, comme nous le disions, une certaine latitude à l’historien, maître de sa plume.

Revue d’histoire de l’Amérique française

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