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La Révolution par les Livres

jane_austen_writing_tableLa table de travail de Jane Austen

De la critique sociale dans l’oeuvre de Jane Austen

Mr. Darcy, Elizabeth Bennett, Marianne Dashwood, Colonel Brandon… si ces noms ne vous disent rien, celui de Jane Austen ne manquera pas de le faire. Cette écrivaine du début du XIXe concentrait ses romans sur des familles bourgeoises de la campagne anglaise, et parmi ces familles, sur les filles en âge d’entrer en société. Si, en surface, son oeuvre traite d’attachements romantiques et de troubles de cette nature, quelque esprit éclairé peut y déceler un réalisme frappant, qui s’accompagne sans l’ombre d’un doute d’une critique sociale et même féministe. En effet, Austen présente la réalité sociale et économique des femmes de l’époque, c’est-à-dire pour elle la nécessité de se marier afin d’acquérir une place en société et une sécurité financière.

Raison et Sentiments (Sense and Sensibility) s’ouvre alors que Mr. Dashwood meurt. Celui-ci, ayant un fils d’un premier mariage et trois filles d’un deuxième, se voit dans l’obligation de léguer sa maison et son domaine à son fils. N’ayant plus rien à donner à ses filles, même pour leurs dots, il fait promettre à son fils d’assurer leur sécurité économique. La suite du roman illustre ensuite comment la situation fiancière des deux ainées influence leurs opportunités de mariage: on se marie « bien » lorsque l’homme est riche, et on se marie « mal » lorsqu’il ne l’est pas. Socialement, la première option est beaucoup plus viable que la deuxième. Il apparait donc qu’il est impossible de parler du mariage sans parler de l’aspect économique de la chose et vice versa. Pour les femmes, l’indépendance est conférée par les hommes, que ce soit leur mari ou leur père. Dans le cas du père, sa fortune est nécessaire pour assurer un mariage favorable. Austen présente aussi ses personnages avares comme tel, sans les excuser: ils sont victimes de son sarcasme subtil. Écrire, donc, à propos des femmes et de leurs tentatives de mariage peut sembler un endossement de ces pratiques et l’intention d’Austen reste aujourd’hui encore controversé quant à sa nature féministe. Pourtant, une lecture attentive de ses romans révèle une utilisation de l’ironie qui ne peut que nous informer sur son but. Étant elle-même orpheline de père, elle a dû se débrouiller, avec sa mère et sa soeur, pour maintenir un certain niveau de vie. Ses frères les ont aidées du mieux qu’ils ont pu mais ils n’étaient pas riches eux-mêmes. Austen était donc bien placée pour comprendre la dépendance des femmes sur la fortune masculine. Qui de mieux, alors, pour la dénoncer?

L’intérêt de cette critique vient notamment du fait qu’Austen écrivait pour le public même à qui elle reprochait ces torts. La bourgeoisie, ses hommes et ses femmes, lisait les romans d’Austen: c’est pourtant ceux-ci qu’elle représente dans son oeuvre comme des gens obsédés par l’argent et le statut social qu’il confère. Il était donc très astucieux de sa part de magnifier l’aspect romantique de ses récits, afin que sa critique soit, en quelque sorte, insidieuse. Elle présente aussi ses personnages féminins comme de grandes lectrices assez bien éduquées, à son image. La majorité de ses personnages principaux étant des femmes, celles-ci sont très diversifiées et complexes, la fiction réflétant la réalité. Il semble que, pour Austen, la meilleure manière de faire valoir l’importance des femmes soit, tout simplement, en racontant leurs histoires, même romancées. D’un autre côté, il est intéressant de noter que ses personnages masculins sont explorés, la majorité du temps, en surface seulement. Alors qu’elle développe la psyché des femmes en détail, ce que l’on sait des hommes est, principalement, leur état financier et quelques éléments de l’histoire de leur vie. Il semble donc qu’elle réduise les hommes dans ses romans à ce qu’ils peuvent apporter aux femmes… L’inversion des rôles constitue un élément de la critique féministe d’Austen, en refusant aux hommes, dans la littérature, la place qu’ils exigent en société. De plus, il faut rappeler que son oeuvre, écrite entre 1793 et 1811, suit presque immédiatement la révolution française. Étant née en 1775, elle a en quelque sorte grandit dans son sillage et ne peut qu’en être influencée. On dit même que « […] when she [Austen] satirized male privileges and female disenfranchisements, her purposes were as insurrectionary as those of Mary Wollstonecraft and Wollstonecraft’s feminist colleagues of the 1790s and later[1]. » Ainsi, même si Austen n’était pas explicite dans sa défense des femmes comme l’était Wollstonecraft, son approche, par la littérature, permit de toucher une classe sociale, la bourgeoisie, qui était peut être craintive des idées révolutionnaires. Pourtant, ce qu’ils lisaient était bel et bien une révolution par les livres.

Ariane Chasle

[1] Hui Yu, C. (1994) Covert revolution: Jane Austen’s novels as social commentary (Emporia State University, États-Unis) https://esirc.emporia.edu/bitstream/handle/123456789/1650/Chong%201994.pdf?sequence=1

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Y’a rien de sacré

«Alors que le monde entier est interpellé par le rôle des caricaturistes et la portée de leur travail sur la liberté d’expression, l’ONF désire partager avec vous ce documentaire de Garry Beitel, réalisé en 2003, qui met en vedettes deux sommités canadiennes de la caricature, Serge Chapleau et Aislin. Ils nous expliquent l’impact et l’importance de leur métier dans le paysage moderne.»

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https://www.onf.ca/film/y_a_rien_de_sacre/?utm_campaign=programming&utm_source=facebook&utm_medium=social-media&utm_content=film&utm_term=test-A#temp-share-panel

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BLx

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À propos des Simpsons

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Crée durant la fin des années 90 par le dessinateur Matt Groening, la série Les Simpsons présente la vie quotidienne d’une famille typique américaine. Cette famille est composée de cinq membres dont Homer, Marge, Bart, Lisa et Maggie Simpson, elle vit dans la grande ville fictive de Springfield aux États-Unis. À L’intérieur de cette ville, on retrouve une très grande diversité culturelle et différentes classes sociales y sont présentes. Ainsi, chaque épisode, relate une aventure de cette famille.

On peut constater qu’à travers l’humour et l’absurdité qu’il y a dans cette série, le créateur fait une sorte de critique de la société américaine. En effet, à plusieurs reprises, les personnages de la série font référence à des évènements actuels qu’ils ne se gênent pas de ridiculiser, ce qui crée en même temps une certaine proximité entre nous et cette série. La ville de Springfield est présentée comme une ville parfois instable, où ceux qui sont censés faire régner l’ordre et la justice sont souvent incompétents ou corrompus. Ce qui fait en sorte que la criminalité est très présente dans la plupart des épisodes : il y a constamment des évasions de prison, des braquages de dépanneur ou des meurtres. En parallèle avec de nos jours, on peut constater que les médias relatent de nombreux évènements qui se produisent de la sorte aux États-Unis. Ainsi, cette série dénonce la société américaine.

On voit aussi comment la plupart des adultes n’accordent pas d’importance à l’éducation de leurs enfants. La plupart des enseignants n’ont pas d’intérêt dans l’enseignement et n’aime pas ce qu’ils font. Ils interviennent rarement de manière convenable face aux agressions et à l’intimidation qui se produisent dans l’école primaire. Aujourd’hui, on voit que cette situation est très présente dans les écoles aux États-Unis. La série montre aussi comment certains parents peuvent être négligents à l’égard de leurs enfants. Ils sont davantage occuper par leurs besoins et s’y prennent de la mauvaise manière pour chicaner les enfants. Par exemple, lorsque Bart fait une bêtise, Homer l’étrangle avec ses deux mains de toutes ses forces pour essayer de le corriger au lieu de communiquer avec lui. De plus, plutôt que d’aider ses enfants à faire leurs devoirs, il préfère s’occuper de ses besoins à lui, qui sont : manger, boire de la bière et regarder la télévisons. D’une manière exagérée, cela montre que de nos jours, les enfants n’ont pas la présence parentale dont ils ont besoin.

Tout comme les œuvres de l’écrivain français Molière, la série de Matt Groening se sert de l’humour dans le but de critiquer les valeurs qui sont véhiculées dans la société. Les Américains vivent dans une société de surconsommation, où ils passent leur temps à dépenser énormément d’argent pour des objets dont ils n’ont pas vraiment besoin. L’influence des médias est très présente, car il y a de nombreuses publicités qui vont nous encourager à dépenser de l’argent pour de nouveaux produits. Ce propos-là ressort clairement dans Les Simpsons lorsque les personnages se font carrément hypnotiser par les publicités pour acheter un produit. On fait souvent croire aux personnages qu’en ayant cet objet, ils seront heureux, ce qui est la plupart du temps faux.

La série démontre aussi les pires défauts humains à travers les personnages de la ville. Plusieurs personnages sont présentés comme des menteurs et des hypocrites qui ne sont là que pour profiter des autres. D’autres sont extrêmement riches et égoïstes en même temps. Ils n’aiment pas aider leurs prochains et ne pensent  qu’à avoir toujours plus d’argents. Par exemple, le personnage fortuné de Mr Burns est présenté de la sorte puisqu’il vit souvent des malaises lorsqu’il rend service à quelqu’un! Ainsi, on peut voir comment on se sert de l’humour pour mettre en lumière ces défauts humains.

En conclusion, on peut dire cette série animée est un miroir de la société américaine puisque c’est de manière très pertinente que le créateur fait ressortir ce qui se passe aux États-Unis. Ainsi, il fait réfléchir sur la nature humaine et les valeurs véhiculées par cette société.

Frenel Methelus

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