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Hegel et le coût réel d’un iPhone

Qui pense abstraitement? C’est la question que Hegel pose dans une petit texte qu’il a écrit vers 1807, un texte qui était, semble-t-il, destiné à être publié dans un journal, ce qui explique son allure de «lettre aux lecteurs», son côté «billet d’humeur» un tantinet sarcastique. À la question posée, la réponse est directe: «Qui pense abstraitement ? L’homme inculte, non l’homme cultivé.» Le but de Hegel est de montrer que la pensée abstraite n’a aucune valeur, justement parce qu’elle est déconnectée de la réalité. Or il faut être parvenu à un certain niveau de culture pour comprendre que la réalité effective et concrète est une totalité dont les parties sont organiquement reliées et, par conséquent, on ne peut prétendre connaître une chose que si on est capable de se représenter les conditions d’engendrement qui l’ont rendue possible.

Ainsi, pour reprendre l’exemple de Hegel, l’homme inculte ne verra dans le meurtrier ou le criminel récidiviste qu’un bon à rien qui mérite la plus grande peine, tandis que la personne cultivée comprend que l’individu ne surgit pas comme ça de nulle part et qu’on ne peut pas tout simplement l’abstraire de son milieu et de l’environnement dont il est le produit: «il est important de suivre la formation de la mentalité du criminel ; son passé, son éducation, la mésentente entre son père et sa mère, la répression impitoyable d’une faute minime expliquent l’amertume de cet être humain envers l’ordre social. Sa première réaction contre cet ordre l’en a exclu, et, dès lors, ne lui a plus permis de subsister que par le crime.»

Selon cette manière de voir, toute chose prise individuellement est une abstraction et la tâche de la culture est d’abolir cette abstraction en rendant la conscience de soi capable de connecter toute chose à la totalité dont elle est issue et dont elle fait partie. Pour Hegel le point de vue de la philosophie nous amène à voir que «le vrai est le tout». Mais selon cette manière de voir on comprendra aussi que la culture ne se limite pas à la connaissance, car on peut être très savant tout en étant parfaitement inculte! C’est-à-dire que la connaissance approfondie d’une chose ne sera possible que si je mobilise toute mon attention sur cet aspect de la réalité. Que ce soit pour la chimie, la littérature baroque ou l’histoire de la boxe, il faudra que je me spécialise, or plus je me spécialiserai, plus je m’enfoncerai dans un domaine de la réalité et plus je ferai abstraction du reste de la réalité; quand on est le spécialiste d’une partie du tout on risque donc de se déconnecter du tout.

Mais justement, pour se connecter au tout il n’y a rien de tel qu’un iPhone Ou plutôt, rien de tel qu’un iPhone pour illustrer le propos de Hegel: pris isolément cet objet que je tiens dans ma main est une abstraction,  pour le connecter au tout dont il est issu ce lien:

The true cost of an iPhone

BLx

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Bataille à Seattle

battle_in_seattle_movie

En subtil lien avec l’article précédent, hier soir, j’ai écouté le film « Bataille à Seattle », réalisé par Stuart Townsend. (C’est d’ailleurs sa première réalisation, il est avant tout connu en tant qu’acteur, mais je le précise car pour une première œuvre, c’est extra!)

La session passée dans le cours de politique, notre professeur Sébastien Despelteau nous avait conseillé ce film, en lien avec la matière du cours qu’on abordait qui parlait des différents courants politiques extrémistes de gauche, dont l’un était l’alter mondialisme. J’ai tout de suite pris en note le nom du film, mais j’ai finalement attendu qu’il atterrisse dans les «vieux films » pour qu’il soit moins cher…ayant peur d’être déçue car j’avais en particulier la crainte que le scénario soit cheesy, Sébastien nous ayant mis en garde contre le sensationnalisme qui s’y apparentait car cela reste un film de Hollywood.

Mais justement, après l’avoir écouté, et après avoir suivi le cours de cinéma de Guillaume, oui j’y vois du sensationnalisme et du romantisme, mais je ne vois pas du tout un film Hollywoodien, surtout avec le sujet qu’on aborde!

Et pour y venir, c’est l’histoire de pleins de gens (fictifs) ayant des vies complètement différentes (policiers, femme enceinte, manifestants pacifiques, anarchistes, maire et ministres) qui se retrouvent en plein cœur des émeutes qui eurent lien en 1999 à Seattle, lors du sommet organisé par l’OMC (l’Organisation Mondiale du Commerce). Cette organisation a pour but de régir les règles du commerce entre les pays. Donc, elle a pour but de faire de l’argent, toujours plus! :D. Et bien sûr, ce sont les pays les plus fortunés qui dirigent vraiment l’OMC alors que les autres se font censurer et exploiter, comme la plupart des pays du tiers-monde. Oui, on nous impose un point de vue dans ce film, le point de vue « des gentils révolutionnaires contre les méchants exploiteurs», mais ce point de vue est aussi celui des droits humains par-dessus le profit monétaire. Par exemple, en Afrique, de nombreuses maladies horribles font rages, alors que des médicaments vitaux sont à portée de main offert par l’OMC mais oups, c’est beaucoup trop cher… Est-ce vraiment éthiquement acceptable de faire primer le profit tirés des médicaments sur la vie de millions d’individus qui ne dépendraient que de ça mais n’ont absolument aucun moyen de se les procurer? Ce n’est que l’une des objections que le film aborde… Détrompez-vous, ce n’est pas non plus un documentaire, ce film est bourré d’action, mais le scénario présente son message audacieusement, sans être quétaine, ce qui m’a impressionné. Ainsi, les manifestants du film s’organisent pacifiquement pour bloquer la réunion prévue par l’OMC, ils réussissent en bloquant des carrefours routiers, le maire qui est sur le bord de la crise de nerfs ne sait pas quoi faire, finalement il fait intervenir la force alors qu’aucune violence n’a été commise…et la gradation des évènements continue!

Ainsi, je conseille ce film à tout ceux qui sont intéressés par les mouvements politiques qui caractérisent tout spécialement notre époque, et qui sont intéressés tout simplement par un très bon divertissement où tu ne tournes pas nécessairement ton cerveau complètement à off!

Sur la même note, si vous n’avez jamais vu The Last Samurai, V for Vendetta et American History X (qui mériteraient beaucoup plus d’éloges qu’une simple mention, selon moi), Equilibrium et Persepolis, courez les louer!

Jacynthe Fournier-Rémy

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Il y a vingt ans, la chute du mur de Berlin

1989_mur_berlin_c_Str_Old_RPour commémorer la chute du mur de Berlin, le Goethe-Institut présentera du 17 septembre au 11 décembre 2009 une vingtaine de films de fiction et documentaires. La chute du mur, en laquelle certains ont voulu voir le triomphe définitif du capitalisme contre le communisme, constitue le point de départ de la mondialisation de l’économie de marché telle que nous la connaissons actuellement et dont l’un des effets est le déclin du rôle de la politique au profit des seuls intérêts économiques.

Le Goethe-Institut, présent dans toutes les grandes villes du monde, «a pour mission de promouvoir la langue allemande à l’étranger, d’encourager la coopération culturelle internationale et de communiquer une image aussi complète que possible de l’Allemagne, en informant sur la vie culturelle, sociale et politique du pays».

Bruno Lacroix

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