68 milliards de mélodies générées par un algorithme et mises dans le domaine public

L’algorithme conçu par Damien Riehl et Noah Rubin a enregistré toutes les mélodies possibles à 8 notes sur 12 temps.PHOTO : GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO / IAREMENKO
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Leibniz sort de ce corps!
Ce que Daniel Riehl explique me semble correspondre tout à fait à la logique des compossibles que Leibniz a développée. Tous les possibles se présentent à l’entendement divin, dieu compose la meilleure combinaison possible et, ce qui en résulte, c’est le monde, – «le meilleur des mondes possibles». Certains font même remonter cette idée à l’art combinatoire de Raymond Lulle.
On peut supposer que Daniel Rhiel sait tout cela. Et s’il n’en savait rien, il nous dirait peut-être que cela ne fait que confirmer dans le domaine de la pensée ce qu’il stipule dans celui de la musique: il y a un nombre fini de pensées qui peuvent être pensées à partir de la combinaison des lettres de l’alphabet. Reste seulement à mettre au point l’algorithme capable de mesurer ce qui du point de vue de notre entendement limité nous semble incommensurable.
Alors, suivant cette logique, Mozart et Miles Davis n’auraient rien composé ou créé, pas plus que Baudelaire ou Miron, voir même Platon ou Spinoza, ils auraient simplement été les premiers à trouver ou découvrir une certaine combinaison possible. Mises à part les apories ontologiques et mathématiques, mis à part ce fantasme récurrent de l’accomplissement de la métaphysique par la technique (algorithme = entendement divin), il me semble que la justification de la démarche de Daniel Riehl et Noah Rubin en regard de la libération des droits d’auteurs tombe à plat: si tu n’es pas le « créateur » d’une mélodie, tu peux toujours revendiquer être le premier à l’avoir découverte; dans le secteur minier, le droit de propriété découle de la découverte, pas de la création du minerai…
BLx