Promise, Insoumise et Conquise

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Parmi les nombreux ouvrages dystopiques existant aujourd’hui, on retrouve une panoplie d’histoires. Certaines sont presque des essais politiques, d’autres des fantasmes technologiques et d’autres enfin s’apparentent au classique roman léger. C’est le cas de la série Promise, Insoumise et Conquise, par Ally Condie – version française de Matched, Crossed, Reached.

Si l’intérêt pour cette trilogie peut s’éteindre alors même que l’on en lit les titres et que l’on voit les couvertures qui crient « roman pour adolescente », il faut se souvenir de se méfier des apparences. Ally Condie présente ici une société futuriste où les choix individuels sont réduits – pour ceux ayant lu The Giver, par Lois Lowry, cela s’y apparente beaucoup. On ne choisit pas notre emploi, on ne choisit pas nos chefs, on ne choisit pas quand on meurt, on ne choisit pas notre compagnon de vie – quoique l’on puisse choisir, à seize ans, si l’on sera célibataire ou avec une personne pour le restant de nos jours. Lorsque l’on est promis à une personne, on reçoit une cassette décrivant notre « âme‑sœur ».

Mais certains individus ne sont pas éligibles au programme de Mariage. La raison de cela est soit qu’ils ont été dangereux pour le système – des terroristes, en somme – ou alors ils sont des enfants de terroristes ou des malades de corps ou d’esprit. Chaque individu porte en permanence sur lui ou elle trois pilules : une verte pour les problèmes « bénins », mal de tête, dépressions, etc., une bleue pour agir comme coupe-faim et une rouge à la fonction inconnue. Les gens ne savent pas écrire en écriture manuscrite et ne savent au fond rien créer.  Le métier le plus utile, et de ce fait prestigieux, est celui de classeur. Un classeur est employé par le gouvernement pour régler des situations de gestion. Un classeur ne fait que classer des chiffres, ces chiffres peuvent représenter des marchandises, des coûts… ou des individus, le classeur ne le saura jamais.

Le monde ici décrit en est un avec pour modèle l’efficacité la plus totale, mathématique, réaliste, carré et plutôt manichéen – ce qui aide le système est bon, ce qui met à mal le système est mal. Le choix humain n‘y est pas néfaste en soi, il est seulement encombrant et doit de ce fait ne pas être considéré. Dans cet univers qui ne se permet aucune erreur, la protagoniste, Cassia, est victime d’un léger accroc dans le système. Rien de grave, on s’est trompé de cassette d’individu lors de son Couplage. Or, aussi insignifiant que puisse être cet incident en lui-même, il permet à Cassia de voir son monde de façon tout à fait différente, de voir les lacunes et les abus de sa société.

La trilogie ainsi, si elle commence de façon si légère et presqu’insignifiante, vient développer avant qu’on s’en rende compte un intéressant et plutôt inusité dialogue sur l’humanité, la gestion et l’art. Si l’on cherche un roman divertissant et léger, mais pas pour autant sans profondeur, cette série est un très bon choix.

Raïssah Kunzle

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Classé dans Art, Culture et société, Féminisme, Histoire, Histoire et civilisation, Philosophie

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