Les programmes jeunesses sont rendus indispensables dans la société. Nous savons tous que les jeunes sont les adultes de demain et c’est en les poussant vers un avenir meilleur qu’ils réussiront à accomplir de grandes choses dans les années futures. Les jeunes de 12 à 18 ans ont plusieurs choix qui s’offrent à eux lors de leur passage de l’enfance à l’adolescence, ils peuvent aller vers les sports, vers les arts ou vers la musique. Pour ma part, j’ai décidé de me diriger dans les cadets et j’aimerais vous expliquer les bases de ce programme aux multiples facettes.
Débutons notre exploration avec un peu d’histoire. À ses débuts, le programme des cadets n’était pas un organisme pour la formation de la jeunesse. C’était plutôt des compagnies de milices auxiliaires du Canada, qui étaient réparties à travers le pays. L’appellation « cadet » a commencé à être utilisée particulièrement aux alentours de 1861. Dans cette milice, il y avait des gens âgés de 13 à 60 ans. C’est plutôt en 1879 que la distinction entre les cadets d’école secondaire et les miliciens adultes est devenue évidente. En effet, c’est dans les écoles secondaires que s’est développé le programme jeunesse que l’on connait aujourd’hui. Les jeunes garçons de 14 ans et plus participaient à cette organisation comme élément clé de leur programmation scolaire, mais ils n’étaient pas employés pour un service actif dans les FC (Forces Canadiennes). Un dès plus vieux corps de cadets qui a commencé dans une école secondaire est le CC 2 Bishop à Lennoxville au Québec. Il a débuté en décembre 1861 et est toujours actif à ce jour. Il y avait une distinction entre les enseignants et les instructeurs de cadets, mais c’est seulement en 1908 que le gouverneur général du Canada a décidé que l’instruction aux cadets sera donnée par des officiers de l’Armée commissionnés et payés. Il ne faut pas se le cacher, lors de la Première Guerre mondiale plus de 40 000 anciens cadets des écoles se sont enrôlés dans les forces pour aider le pays à surmonter cette crise. Il est important pour moi de souligner le mot ancien, car les gens ont tendance à penser que les militaires envoyés au front lors des conflits font partie des organisations comme les cadets, mais il faut être enrôlé dans l’Armée pour aller combattre et cela n’est pas donné à tout le monde. Ce n’est pas sous le programme des cadets que les jeunes apprenaient à combattre un ennemi ou à utiliser des armes à feu de gros calibre. Il est aussi important de mentionner que 124 000 soldats canadiens étaient d’anciens cadets des milices et cadets des écoles lors de la Deuxième Guerre mondiale. C’est à cette époque que le titre «Royal» apparait dans l’appellation des Cadets Royaux de l’Armée canadienne. C’est pour leurs services rendus à la couronne britannique que le Roi George VI a conféré ce titre.
Après la Deuxième Guerre mondiale, le programme des cadets du Canada a effectué une réforme dans toutes les sphères de son organisation, pour vraiment se concentrer sur l’accomplissement des jeunes. Le programme a réduit son effectif à 75 000 membres à travers le Canada pendant cette même période et les corps de cadets sont devenus indépendants des écoles secondaires. En 1956, la Reine Elizabeth I autorise l’écusson que nous avons encore sur nos uniformes qui porte la devise «Acer Acerpori» qui signifie «Tant vaut la sève, tant vaut l’érable». C’est une devise extrêmement importante pour les membres des cadets, puisqu’elle nous rappelle l’historique de notre programme et que les efforts que nous mettons aujourd’hui porteront fruit dans les générations futures.
Un des évènements les plus marquants du XXe siècle pour l’histoire des FC a été l’unification de l’ensemble des Forces canadiennes, c’est-à-dire la réunification des différentes branches de l’Armée : «Il s’agissait du regroupement de la Marine, de l’Armée et de l’Aviation du Canada dans une structure unifiée.»[1]. Jusque là, l’organisation des cadets était un programme strictement masculin, c’est en 1975 que le parlement du Canada instaure la loi C-16, qui permettait aux femmes de rentrer dans les cadets comme membre à part entière et comme instructeur. À la fin des années 80, l’âge minimal pour rentrer dans le mouvement est baissé à 12 ans, puisque le programme devient de plus en plus indépendant des Forces Canadiennes grâce à la création de la Ligue des cadets de l’Armée. Cette ligue est un organisme à but non-lucratif qui encourage et promeut l’intérêt général envers et au soutien du programme des cadets. Ils facilitent la formation de nouveau Corps de cadets et la formation des Cadres instructeurs cadets (CIC, officiers commissionnés). Autrement dit, la Ligue est cette voix civile qui s’assure du bon partenariat entre les FC et les communautés locales.
Le mouvement des cadets du Canada fête cette année sa 136e année d’existence. Donc, avec l’historique présentée nous sommes en mesure de comprendre l’évolution du programme des cadets. Cette évolution a permis de développer l’organisation jeunesse que nous découvrons ensemble aujourd’hui. De nos jours, les Cadets Royaux du Canada ont plusieurs objectifs pour l’avenir des jeunes canadiens, le programme veut d’abord et avant tout former de meilleurs citoyens en développant une conscience collective et un esprit civique. Malgré son attachement à l’Armée, l’organisation positionne le jeune et sa réussite au centre de ses priorités. Le but du programme n’est pas de former de nouveaux soldats, au contraire. Les officiers Cadres Instructeurs cadets veulent inculquer aux jeunes une certaine discipline personnelle et un mode de vie sain, car un des principaux buts est d’acquérir une bonne forme physique ainsi que de développer des bonnes habitudes alimentaires. Plus les années avances, plus les têtes dirigeantes du programme essaient de développer des programmes d’aides aux jeunes, par exemple il y a des cours obligatoires de secourisme et de prévention en harcèlement et en abus. Certains cadets ont un passé et une situation familiale plus difficile, l’organisation des cadets leur donne une bouée sur quoi s’accrocher en développant un leadership et une autodiscipline qui permettent une meilleure estime de soi.
Il est difficile pour moi de porter un regard objectif sur le programme puisque j’en fais partie depuis plusieurs années, le but de ce court article était surtout de vous faire comprendre l’impact que peut avoir ce genre de programme sur le quotidien des gens et la société en général. Bref, je souhaite simplement que la société réalise que le programme des cadets du Canada ne forme pas d’enfants soldats et que nos jeunes sont les adultes de demain. Il est important de se soucier de leur réussite et de leur avenir pour la santé d’une nation unis dans le respect d’un océan à l’autre.
Mélody Brunet
[1] Aide à l’instruction des Cadets Royaux du Canada, Guide pédagogique de l’étoile verte. p.7-2-6