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POURQUOI ‘WHITE LIVES MATTER’ EST RACISTE

« Kneeling Flag », Archie Scott Gobber

Ces dernières années, le mouvement noir à repris son effervescence. Avec un mouvement comme #BlackLivesMatter, il recommence, comme lors des luttes pour les droits civiques, à militer pour dénoncer le racisme, la violence policière et la pauvreté qui semblent toucher la communauté afro-américaine plus que n’importe qu’elle autre aux États-Unis. La naissance de ce mouvement ayant pris place avant l’élection de Donald Trump, celui-ci n’a donné qu’une raison de plus à l’existence d’un tel mouvement. Avec son élection, tous les mouvements identitaires racistes de droite et d’extrême droite aux États-Unis (même au Canada dans une certaine mesure) se sentent maintenant légitimes d’exister. Dans leur pensée, tous leurs membres ne diraient que ce que tous les blancs (les ‘vrais’ américains) pensent tout bas mais auraient peur d’avouer, comme si une quelconque organisation secrète gouvernementale allait les sanctionner pour cela. Avec l’élection de Donald Trump, ces groupes ont pensé qu’une majorité d’américains les appuyaient et ont intensifié leur action contre toutes les minorités ethniques des É-U[1].

Face à la popularité du hashtag ‘Black Lives matter’, les suprémacistes blancs ce sont sentis attaqués, y voyant un message antiblanc, insinuant que seul la vie des personnes noirs comptaient. C’est donc en un ridicule cliché réactionnaire que, face à l’étendard #BlackLivesMatter, ils étendirent le leur : #WhitesLivesMatter. Leur réflexion se fait donc comme ceci : face à un message suprémaciste noir, déployons un message suprématiste blanc! Adoptant ce message aussi rapidement que l’éclair, tout les mouvements suprémacistes blancs commencèrent à l’utiliser de manière systématique dans leurs rassemblements et manifestations.

Mais pourquoi ce contre-mouvement pose-t-il problème? Hé bien, c’est parce qu’il répond à un message qu’il ne comprend même pas à la base. Lorsqu’un noir s’exclame ‘Black lives matter!’, il n’incite pas les autres membres de sa communauté à prendre le pouvoir sur les autres communautés, il incite les gens de la société entière à prendre conscience de sa réalité et de la réalité de sa communauté. Il appelle l’Amérique à se rendre compte qu’il n’est pas normal que 14% de la population américaine constitue 40% des prisonniers du pays, que 82% d’entre eux trouvent que c’est important pour un parent afro-américain de préparer son enfant aux préjugés et que le quart de leur communauté soit en dessus du seuil de la pauvreté[2]. Avec ce cri, il appelle à améliorer le sort de millions d’américains, peu importe sa couleur de peau et ses origines. Il ne fait donc que rappeler ce que la société américaine semble parfois oublier : la vie des noirs aussi compte.

C’est donc faire preuve d’idiotie complète, car à la place d’intérioriser ce message et remettre en cause certains fondements de leur société, les suprémacistes blancs tombent dans un ridicule schéma nous contre eux, comme si le mouvement #BlackLivesMatter était antiblanc…

Face à cela, la réaction du ‘centre’ politique fut tardive. D’abord plutôt passifs face au message des suprémacistes blancs, ils se rendirent ensuite compte de la nature très raciste de ce message. S’attendant alors à un appui du centre et de la gauche petite-bourgeoise américaine, que ne fut pas la surprise des afro-américains de les voir débarquer en scandant le message ‘#AllLivesMatter’! Cet axe politique, du haut de sa paresse intellectuelle et de sa peur de paraitre ‘radical’, avait ingéré l’analyse des suprémacistes blancs du mouvements #BlackLivesMatter. C’est donc dans l’idée de s’opposer à tout suprémacisme et à tout mouvement radical qu’il considérait maintenant les deux messages sur un pied d’égalité. Alors que #BlackLivesMatter est un message appelant à la solidarité sociale, #WhiteLivesMatter est un message appelant à une nouvelle ségrégation, rien de plus. Dans ce sens, supporter #AllLivesMatter n’est rien de plus qu’un appui donné aux suprémacistes blancs, donnant raison à leur analyse et les aidant à maintenir le Statu Quo des afro-américains.

Pour conclure, comme la raper Joyner Lucas dans sa chanson ‘I’m not racist’ ; ‘Screaming « All Lives Matter »Is a protest to my protest, what kind of shit is that?[3]

Émile Lemousy

 

[1]https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/512867/hausse-des-crimes-racistes-autour-de-l-election-de-trump

[2]https://ndla.no/en/node/20457?fag=42

[3]https://www.youtube.com/watch?v=43gm3CJePn0

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