Longeant Chesterfield Avenue, je regardais les passants toujours pressés en ce début de journée. Une femme avait un grand chapeau au style un peu trop Hollywoodien à mon goût. Je préférais la petite casquette d’un vieux monsieur faite de tweed et qui, ma foi, avait l’air très confortable. Quelques enfants couraient ici et là par peur d’être en retard à l’école.
Continuant mon chemin jusqu’au Phoenix Park et empruntant The North Road, je me rendais au Zoo. Les rugissements des lions me conduisaient rapidement vers eux. J’adorais regarder ces créatures si élégantes se balader sur la terre. Je revenais sur mes pas et je reprenais Chesterfield Avenue pour me diriger vers The Criminal Courts of Justice. De ma position, je pouvais très bien apercevoir les futurs détenus attachés les uns derrière les autres à l’extérieur du bâtiment vitré, en direction la prison de Kilmainham. Je passais mon chemin pour emprunter le magnifique Ha’penny Bridge en fer blanc qui surplombe la rivière Liffey. C’était simplement pour mon plaisir puisque je rejoignais rapidement la berge que j’avais quittée, car maman m’interdisais de traverser la rivière.
J’allais ensuite admirer la sculpture d’Anna Livia au Croppies Memorial Park. J’ai toujours cru qu’elle flottait sur l’eau grâce à son allure distinguée. Tournant la tête, je devins très jalouse à l’idée qu’une vieille dame donnait des grains aux pigeons… Si seulement j’étais l’un d’eux. Mais je retrouvais le sourire en me dirigeant vers le Musée National qui se situait quelques pas plus loin. C’était un immense bâtiment qui possédait une cour intérieure et qui ressemblait à un énorme château ou à une ancienne forteresse.
À ma grande surprise, en longeant la rivière Liffey pour aller chercher Chesterfield Avenue, je m’arrêtais devant la vitrine d’un magasin. On y voyait des grandes affiches composées d’autobus à deux étages et de cabines téléphoniques rouge vif. La plus impressionnante était celle d’une grande tour avec une horloge tout en haut. Le tout à gauche, était composé d’un magnifique château, je dirais, encore plus gros que le Musée National. Je me demandais bien où pouvait se situer cet endroit dans le monde.
Je continuais alors ma route et rebroussais le chemin que j’avais emprunté ce matin. Je repassais à côté de plusieurs bâtiments historiques énormes que je trouvais toujours aussi impressionnants à regarder après tant de fois. Certains avaient de grandes colonnes et me faisant penser à la ville de Rome. Les églises restaient quand même les plus jolies avec leurs grands piquets qui surplombaient les toits très penchés. Passant ensuite par des étendues vertes qui me semblaient illimitées, j’arrivais alors au perchoir que j’avais rapidement quitté ce matin, au milieu de Chesterfield Avenue.
J’avais déjà hâte de recommencer ma promenade le lendemain matin. Mais pour le moment, je devais me laver les plumes…
Andréanne Larocque