«N’entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui enterrent Dieu ? Ne sentons-nous rien encore de la décomposition divine ? — les dieux, eux aussi, se décomposent ! Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! Comment nous consolerons-nous, nous, les meurtriers des meurtriers ?»
Nietzsche, Le Gai Savoir, #125
BLx
Ce cimetière des dieux me rappelle un livre dans ma bibliothèque: God’s Funeral par A.N. Wilson, publié en 1999. L’une des thèses de ce livre soutient que le déclin de la croyance religieuse serait lié au recul du patriarcat et aux premières avancées du féminisme. Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet mais je m’empresse de lier cette réflexion à l’actualité qui nous occupe en ce moment. On nous conseille de faire la différence entre la religion et la culture en ce qui concerne les excès de la domination des hommes sur les femmes: excision, mariage forcé et crime d’honneur. Pourtant, on doit avoir assez de lucidité (ou de candeur) pour constater que le «Croire» et le «Pouvoir» marchent main dans la main quand il s’agit de contrôler les femmes. Il est temps qu’on ait le courage de dire que la liberté et la religion sont, dans la plupart des cas, en «collision» et que cette entente tacite est littéralement une «collusion» entre ceux qui cherchent maintenir leur domination. Que le besoin de croire n’ait pas disparu, on peut en convenir, mais il me semble que ce n’est pas une raison pour renoncer à l’avancée de la raison.