La fonction sociale de l’art contemporain

art+solidarité+environnement

À l’amateur d’art qui fréquente les musées d’art contemporain, il n’est pas rare qu’il soit donné d’entendre des remarques indignées, où l’on compare le talent de l’artiste exposé à celui d’un enfant de cinq ans et l’on s’offusque que de tels objets passent pour des «œuvres d’art». On reproche trop souvent à l’art contemporain d’être ennuyeux, de ne susciter aucune émotion esthétique, d’être sans contenu, de ne ressembler à rien, de ne répondre à aucun critère esthétique, qu’on n’y décèle aucun talent ou même que c’est une pure création du marché, mais surtout que l’art n’a plus de fonction spirituelle comme autrefois. Par contre, avec l’autonomisation de la pratique artistique, on voit apparaître de nouveaux buts, l’art ne sert plus la fonction spirituelle, mais bien la fonction critique. L’art contemporain n’est peut-être plus le mode d’expression de l’absolu, qu’est-ce en effet que l’absolu dans notre société moderne? Mais il fait sens dans la mesure où il a pris un virage social, les artistes contemporains ne sont plus les intermédiaires entre une vérité incontestable et les hommes, mais ils sont porteurs de messages sociaux et c’est grâce à eux et aux critiques sociales qu’ils font à travers leurs œuvres que des esprits sont conscientisés.

C’est le cas de Pedro Reyes qui, pour dénoncer le niveau alarmant d’homicides au Mexique, s’est associé à la campagne nationale de remise volontaire d’armes à feu de 2008. Il a récupéré 1527 armes, qu’il a fait fondre pour ainsi en faire des pelles. Les pelles ont servies pour planter 1527 arbres par la population mexicaine. Une action symbolique de sensibilisation baptisée Des armes pour des pelles. Cette action a marqué les esprits, puisqu’en 2012 le gouvernement mexicain lui demande s’il voudrait récupérer le métal de 6700 armes à feu. Il accepte et décide de transformer les armes en instruments de musique, on a nommé ce projet Imagine. Un groupe de 6 musiciens a transformé des mitraillettes, des révolvers, ou des fusils de chasse en banjos, en flûtes, en lyre, en guitare, en basse, en batterie et même en xylophone. Un concert a été organisé et l’orchestre ainsi créé a joué, entre autre, le titre symbolique «Bullet in the head» de Rage Against The Machine. Pour Reyes, ce projet se veut un appel à l’action pour contrer le marché des armes à feu, largement encouragé selon lui par l’industrie du divertissement. Et c’est précisément en mettant sur pied des projets comme ceux de Reyes que les mentalités changent et que peut-être un jour nous vivrons dans une société sans armes à feu.

Thereece Rosset

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Classé dans Art, Culture et société, Politique

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