L’art égyptien
L’histoire de l’art me fascine par sa richesse et j’aimerais donc partager avec vous une de ses facettes qui m’intéresse particulièrement, l’art de l’Égypte antique. Voici donc quelques (brèves) notions sur cet art antique.
À première vue, l’art égyptien s’apparente à un véritable culte de la mort. En effet, et il en va de même pour la culture égyptienne en générale, il est intrinsèquement lié à la mort, car celui-ci a la fonction de permettre la continuation de la vie dans l’au-delà. Ainsi, les égyptiens portent en eux une forte négation de la mort qui est considérée comme une seconde vie qui se poursuit dans l’empire des morts. La mort en Égypte n’est en somme qu’un rite de passage pour l’âme, qui passe du monde sensible à un monde spirituel dans lequel elle continue d’exister.[1] Ainsi, l’art égyptien a donc la délicate fonction de « maintenir en vie »[2]. Ce but assigné à l’art égyptien fait en sorte que sa manière de représenter la réalité diffère assez de la nôtre, en ce sens que, pour les Égyptiens, il n’est pas nécessaire qu’une représentation soit la plus fidèle possible pour être la plus réelle possible. La beauté n’était pas un critère de l’art égyptien. En fait, ce qui comptait c’était que les peintures soient les plus complètes possibles. L’art égyptien obéit à des règles et des codes bien précis. Chaque élément doit en effet être complet et reconnaissable. Cela ce manifeste clairement dans cette peinture présentant un jardin (figure 1) où chaque chose doit être représentée du point de vue duquel elle sera le plus facile à identifier. Ainsi, les arbres et les poissons sont peints de côté, tandis que le bassin est peint en vue de haut. En effet, la forme des arbres et des poissons n’auraient pas été aussi reconnaissables si ils avaient été présentés de haut. On comprend alors mieux pourquoi les corps humains des fresques égyptiennes nous semblent si étranges. (figure 2)
En obéissant à la même logique, chaque partie du corps doit être représentée sous son angle le plus caractéristique. Il ne s’agissait pas alors d’ignorance ou de manque de savoir faire. Simplement, ce qui importait était que chaque partie importante du corps soit bien représentée. On y voit alors des hommes présentant des têtes de profiles, plus significatives, mais dans lesquelles on insère un œil vu de face car il est plus symbolique représenté ainsi. Le haut du corps se distingue mieux de face, car on peut le voir dans sa totalité. Finalement, les bras et les jambes, si on veut les représentés en mouvement, sont plus facilement distinguables de profil.[3] Il ne faut donc pas croire que l’art égyptien souffrait d’un manque de savoir faire. C’est que l’art égyptien vise une représentation de la réalité dans sa forme la plus reconnaissable. Le but est en effet de s’assurer que le corps et les biens du défunt accompagneront son âme dans l’autre monde. Il est donc primordial qu’il n’y ait aucune ambigüité possible dans les représentations de ce qu’on l’on souhaite qui accompagne le défunt dans son autre vie.
[1] Jacques DARRIULAT. « Commentaire de Hegel », Jacques Darriulat, [En ligne], http://www.jdarriulat.net/Auteurs/Hegel/index.html (consultée le 22 mai 2013)
[2] Ernst GOMBRICH. Histoire de l’art, Phaidon, Paris, 2006, p. 53.
[3] Ernst GOMBRICH. Histoire de l’art, Phaidon, Paris, 2006, p. 53.