La crainte du cynisme

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​Valérie Plante sera élue mairesse ce dimanche. Prophétie ou simple souhait? Un peu des deux. La candidate de Projet Montréal est sur une lancée, il y a un momentum en sa faveur. Qui aurait pu dire ça il y a seulement quelques mois ? En juin, Plante accusait un retard important sur Denis Coderre. Maintenant, un sondage Léger commandé par son parti la place en tête des intention de votes par de deux points de pourcentage sur le maire sortant. Je ne peux m’empêcher de penser au chef de la CAQ. Calmos François, tout peut arriver, TOUT! Ne commence pas tout de suite a magasiner les rideaux pour le bureau du PM…

​La campagne de Valérie Plante est inspirante. Audacieuse. Rafraichissante. Celle de Denis Coderre est terne. Plate. Dépassé. D’un autre temps. Sans artifices. En d’autres temps, peut être est-ce que le maire de Montréal aurait pu obtenir une avance considérable et être confortable. Mais peut être que les stratèges de l’Équipe Denis Coderre pour Montréal n’ont pas fait leurs devoirs. Il y a un dégagisme ambiant.

​Partout en Occident on sent que quelque chose se passe. L’élection du démagogue et flamboyant Donald Trump; L’élection d’Emmanuel Macron, la 2e place de Marine Le Pen et l’éviction de tous les vieux partis lors de les campagnes électorales françaises de 2017; La montée de la gauche de Jeremy Corbyn aux élections législatives britanniques; la défaite historique du SPD allemand, la baisse considérable des appuis à la CDU, le parti d’Angela Merkel et l’élection au Bundestag des populistes allemands de l’AfD; Le choix de Sebastian Kurz, 31 ans, comme nouveau chancelier autrichien et le score quasi historique du FPÖ. Tous ces scrutins ont eu lieu dans la dernière année. Exit l’élite en place. Que ce soit par la gauche ou par la droite, l’Occident exprime sont raz-le-bol des vieux politiques. Des vieilles stratégies. Des vieux mononcles qui méprisent leur électorat parce que la plèbe peut pas comprendre. Et puis, il y a ce cynisme, ressenti partout dans le monde occidental. L’espoir renait par où il peut.

​Automne 2015. La campagne électorale fédérale bat son plein. Thomas Mulcair sera vraisemblablement le prochain Premier ministre du Canada. Pour la première fois, le Nouveau parti démocratique peut aspirer au pouvoir. C’est ce que nous disent les enquêtes d’opinion. Le NPD mène une campagne terne, sans éclat, en se reniant, en cachant son essence; La sociale-démocratie. Justin Trudeau et les libéraux mènent une campagne qui se veut positive, qui sort de l’ordinaire. Le chef libéral est charismatique, cool, jeune. Les libéraux promettent des déficits pour lancer le Canada dans le XXIe siècle. Des mesures pour favoriser la transition énergétique et industrielle. De nouvelles cibles et de nouveaux engagements contre les changements climatiques sont promis. L’image d’un certain Canada qui plait. Le 19 octobre, le PLC récolte 184 sièges à la chambre des communes. Les Conservateurs forment l’opposition officielle et le NPD est en 3e place.

​Valérie Plante et Justin Trudeau ont quelque chose en commun. Tous les deux étaient sous-estimés. Tous les deux n’étaient pas pris au sérieux. Mais tous les deux offrent des plate-formes électorales qui vont en contradiction avec le discours ambiant néolibéral. Non, c’est trop cher. On peut pas faire ça. Les deux vendent du rêve. Justin Trudeau et son équipe forme désormais le gouvernement du Canada. Il a réussi à séduire les canadiens. À les faire rêver. Finalement, il déçoit profondément les progressistes. Exit la réforme du mode de scrutin. Pas de nouvelles cibles de réduction des gaz à effet de serre. Remise d’un prix au PM des industries pétrolières. Par ses actions il ne fait qu’accentuer le cynisme.

​Est-ce que Valérie Plante peut réussir à la mairie? Bien sûr. Denis Coderre et ses supporteurs crient sur tous les toits que la ligne rose c’est trop cher, une lubie. Que c’est utopique. Ils font de la politique digne d’une autre époque. Étant si certain de pouvoir se rassoir dans la chaise du Maire, Coderre ne fit pratiquement pas campagne. Il n’y a pas de programme ni de vision à long terme. Le dégagisme c’est aussi montrer la porte à ceux qui ne se battent pas pour le pouvoir, ceux qui n’ont pas de conviction, mis-à-part celle d’être fait pour diriger.

Oui, c’est cher. La ligne rose, plus de logements sociaux, des congés de taxes pour les entreprises prises dans les rénovations. Mais est-ce que Montréal peut s’en passer? Est-ce que Montréal peut se priver du développement d’un mode de transport collectif structurant? La réponse est bien évidement non. Il n’y a qu’à penser au REM dont Denis Coderre est un fervent partisan. Toutefois, le danger concernant la ligne rose ce n’est pas que le projet soit (trop) cher. Sans projets de développement urbain se chiffrant dans les milliards de dollars aucune métropole peut croire pouvoir tirer son épingle du jeu au XXIe siècle. Le danger le plus important c’est l’accroissement du cynisme.

​Avec tout grand espoir, vient grande déception. Le Québec, avec toutes ces histoires depuis 2010 sur la collusions, les pots-de-vin, le trafic d’influence, l’éthique bafouée est d’un cynisme sans nom. Valérie Plante représente cet espoir nouveau que nous avons tous perdu. Denis Coderre aurait pu être l’homme qui nous fait rêver. Aurait. Malheureusement son style ne colle pas. Il est autoritaire, mononcle, vieux jeu, limite populiste. Puis, oui un stade de Baseball c’est ben cool. Mais ça n’améliore en rien la qualité de vie des montréalais. S’il perd dimanche c’est que le dégagisme aura eu raison de lui. Si Valérie Plante devient la première mairesse de Montréal elle devra être  en mesure de livrer ses promesses et de se battre corps et âme. Parce que si elle réussit à battre son adversaire ce ne sera pas par dépit mais bien parce qu’elle à oser nous faire rêver. Sinon qu’adviendra-t-il de la démocratie? À quelles promesses pourrons-nous nous vouer? Je suis très enthousiaste à voir une administration Plante à l’hôtel de ville. Peut être est-ce mon cynisme qui me fait voir le potentiel cynique…

Samuel Landry-Beauchamp

 

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1 commentaire

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Une réponse à “La crainte du cynisme

  1. Amelie Drainville

    Texte très intéressant, éclairé et éclairant! Prochain dossier à suivre: Québec solidaire saura-t-il se tailler une place de choix au sein de la politique québécoise aux prochaines élections? L’histoire semble aller en ce sens…!

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