Le Canadien de Montréal, les Blue Jays de Toronto et Denis Coderre sont des monuments exemplaires d’unité et de paix montréalaise, suivant la grève étudiante, la corruption et les élections provinciales, selon un article du Montreal Gazette[1]. C’est juste ça qu’il nous faut à Montréal. Une game de baseball au Stade olympique pour ranger les casseroles, calmer les Hells Angels et mettre le débat politique au repos. Surtout lorsque le débat est axé sur la possibilité de discuter d’indépendance.
Nous avons eu la chance de faire l’expérience d’une campagne électorale antinationale de la part du parti libéral, sans que la question nationale de l’indépendance soit réellement soulevée. Le tout est accentué par les médias anglophones qui nous font don d’une analyse éclairée de la politique québécoise, où des Charles Adler nous éduquent sur les similitudes entre la loi 101 et le fascisme de l’Office québécois de la langue française[2]. Il ne faut surtout pas oublier le grand projet de faire l’indépendance de Montréal dans l’éventualité où le Québec deviendrait souverain[3]. Tout ce désordre politique est traduit par le visage vaincu des Franco-québécois au lendemain des élections, comme s’ils avaient perdu un troisième référendum.
La tranquillité est donc revenue s’installer dans les rues de Montréal. Effectivement, le danger de l’indépendance est maintenant perdu de vue. Certes, il y a de cela deux semaines, on a eu La journée nationale des patriotes. Quelques indépendantistes se sont présentés pour une marche commémorative. Mais rien de trop menaçant pour nos chevaliers fédéralistes qui ont remis ces rêveurs à leur place[4]. Il faut rappeler à ces indépendantistes que le Québec est bel et bien une province.
Par ailleurs, les résultats définitifs des élections européennes en France ont été rendus publics il y a quelques jours avec la confirmation de la victoire du Front National[5]. Il est un peu inquiétant de voir le progrès de l’extrême droite en Europe depuis ces dernières années: la English Defence League, l’Aube dorée, etc. En même temps, il en est rassurant de voir que le populisme d’extrême droite n’a jamais réussi à se solidifier dans la politique québécoise.
En effet, La charte des valeurs québécoises nous rappelle qu’il est encore possible de discuter de citoyenneté et d’identité au Québec sans avoir recours à une rhétorique populiste. Cependant, il existe une tendance à peindre le républicanisme québécois comme s’il s’agissait de fascisme ou de xénophobie. Ces accusations se font lourdes sur la conscience du Québécois qui tente de faire valoir sa langue et sa culture.
Donc, sa culture est vue comme réactionnaire vis-à-vis cet « internationalisme angloplanétaire[6] » qui représente la grande culture globale. Ainsi, il faut juste qu’un joueur des Canadiens maîtrise le « bonjour » et l’« au revoir » pour faire jaillir des papillons dans le ventre des Franco-québécois. Moi, ça me donne mal au cœur. C’est un rappel qui nous montre l’abus historique contre le français qu’on voudrait réduire à une « petite » langue parlée dans une « petite » communauté folklorique. C’est peut-être bien le sport qu’il nous faut pour se réveiller. Un Martin St-Louis face au « symbole national » du Québec porté par un Brian Gionta qui ne score pas.
Joé Blanchard
[1] Jack TODD, « Jack Todd: Budding optimism drives Montreal’s resurgence », Montreal Gazette, 22 mai 2014, [En ligne], http://www.montrealgazette.com/sports/Jack+Todd+Budding+optimism+drives+Montreal+resurgence/9867750/story.html (page consultée le 27 mai 2013).
[2] Charles ADLER, « Pastagate goes global », Sun News¸ s,d, https://www.youtube.com/watch?v=Ud_A48zcQd8 (page consultée le 27 mai 2013).
[3] Jonathan KAY, « If Quebec seperates, we keep Montreal », National Post, 5 mars 2014, http://ww2.nationalpost.com/m/wp/blog.html?b=fullcomment.nationalpost.com%2F2014%2F03%2F05%2Fjonathan-kay-if-quebec-separates-we-keep-montreal (page consultée le 27 mai 2013).
[4] Laura PELLETIER, « Ferveur souverainiste et accrochages lors de la marche des patriotes », Le Devoir, 20 mai 2014, http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/408667/ferveur-souverainiste-et-accrochages-lors-de-la-marche-des-patriotes (page consultée le 27 mai 2013).
[5] Andy DAVID, « Résultat européennes : les résultats définitifs du ministère de l’Intérieur [OFFICIEL] », Linternaute, 26 mai 2014, [En ligne], http://www.linternaute.com/actualite/politique/resultat-europeennes-les-resultats-definitifs-du-ministere-de-l-interieur-officiel-0514.shtml (page consultée le 27 mai 2013).
[6] Jean LAROSE, La souveraineté rampante, Québec, Boréal, 1994,p. 101.