Bonjour,
nous nous appelons Florence, Naomie et Léa Tremblay. Nous sommes les 3 filles de ce père qui a écrit au sujet du mouvement carré rouge la semaine dernière, et dont la lettre fut publiée dans La Presse.
Voici le lien pour la lire: http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201205/08/01-4523295-de-la-mauvaise-foi.php
Et voici notre réponse:
Le 14 mai 2012, 13e semaine de la grève étudiante
Cher Papa,
Nous comprenons que tu sois fâché.
Ta colère nous apparaît comme le produit de la lente désillusion des idéaux sociaux de ta jeunesse, exacerbée par des préjugés sur les «vraies» intentions crottées des leaders étudiants et de tous ceux qui participent au mouvement. Cependant, bien que nous soyons conscientes du cheminement qui t’a mené à prendre cette position face au conflit, nous osons espérer que tu puisses également comprendre que nous tenons à certains idéaux sociaux différents des tiens.
Pour commencer, il y a un principe que Guillaume Lépine, une de nos connaissances, et fondateur de l’École de la Montagne Rouge, résume si bien: «Aujourd’hui pour moi, demain pour toi».
Nous pensons que manifester aujourd’hui, c’est de revendiquer un meilleur lendemain. Tu sais, personne -enfin, très peu d’entre les étudiants, qui justement ont fait le choix d’étudier et d’assister à leur cours en temps normal, et certainement pas nous- n’AIME être en grève… Si les étudiants se mobilisent, c’est parce que le désir de changement vaut plus qu’une session d’étude; on projette notre vision au-delà de la grève. Oui, au-delà de la grève, nous nourrissons une conception de la société québécoise comme un projet commun, rassemblant toutes les générations; une société plus solidaire, où l’on s’entraide et se soucie du sort des autres. En tant qu’étudiantes, nous considérons logique que ceux qui étudient, et donc reçoivent un revenu moindre, puissent avoir droit aux études à frais réduits. En même temps, nous sommes infiniment reconnaissantes de ce soutien social, on ne le prend pas pour acquis comme des enfants rois -terme abusivement appliqué à tous les manifestants. Nous avons toujours travaillé pour payer nos études, et présentement, nous travaillons toutes à temps plein pour subvenir à nos besoins tout en payant ou remboursant nos frais de scolarité. Une fois nos études terminées, nous accepterons bien sûr de soutenir davantage nos concitoyens, en continuant à travailler et en payant plus de taxes, pour absorber non seulement les frais de scolarité des générations plus jeunes, mais aussi les frais de santé et pension pour la population vieillissante, dont vous faites partie. On reçoit un cadeau, on en redonne un gros, pourquoi vous plaindriez vous d’injustice? La suite: URBANIA