La Marche des salopes

5 choses que les hommes (et parfois certaines femmes) ont tendance à oublier sur les salopes

Dernièrement, je suis tombée sur un article de Marie-Claude Élie Morin dans le Elle Québec, qui traitait des «slutwalks». Mais qu’est-ce qu’une slutwalk, me direz-vous? Si on le traduit littéralement, cela signifie «marche des salopes». Toute cette histoire a commencé en janvier 2011. Un policier de Toronto a fait une présentation à York University, qui connaissait des problèmes de sécurité à l’époque. Il aurait dit, en gros, que si on désirait éviter le viol, il faudrait éviter de s’habiller en salope. Cela a provoqué un grand mouvement d’indignation, à Toronto comme à Montréal et dans plusieurs grandes villes des États-Unis. Des manifestations ont eu lieu, et elles auront sans doute lieu l’an prochain également.

J’entends déjà d’ici tout le monde s’exclamer que la policier avait raison, qu’on s’attirait des ennuis en s’habillant ainsi, etc. La secte de Gilles Proulx, ça suffit.

M’inspirant d’une chronique du Elle Québec (10 choses que les hommes ne disent généralement pas aux femmes), ici, je décide de faire un article sur les 5 choses qu’on a tendance à oublier sur les salopes.

1. S’habiller sexy ne fait pas de nous des putes.

D’accord, je suis la première à critiquer les filles qui portent des ceintures au lieu de jupes, dont le décolleté ne cache plus grand-chose ou qui portent des vêtements transparents. Cependant, il ne faut pas oublier que nous sommes dans une société où la LIBERTÉ D’EXPRESSION compte. Si une fille veut s’habiller ainsi, elle en a le droit! On peut ne pas approuver, mais elle a le droit. Et si c’est trop dénudé, la police intervient, c’est aussi simple que ça.

Et ceux qui les traiteront de pute, gardez en tête ce détail: de nos jours, on retrouve aussi des agences qui donnent des escortes à des hommes d’affaires riches, donc ils ont les filles qui viennent avec le statut: vêtements griffés, classe, maquillage impec, manières irréprochables… S’habillent-elles en pute? Pas du tout. Pute n’est pas le terme approprié dans le cas qui nous occupe.

De plus, s’habiller sexy et bien s’arranger peut s’avérer être une excellente thérapie. Acheter un ensemble moulant, se maquiller et se coiffer, puis se faire dire qu’on est belles, ça fait du bien les filles, ne dites pas le contraire!

2. «La longueur de ma jupe ne change pas mon non en oui!»

 Cette phrase a été écrite sur une pancarte par une des manifestantes. Et elle a parfaitement raison! Ce n’est pas parce qu’on porte une jupe courte ou une robe courte qu’on désire coucher avec quelqu’un! On peut être à l’aise avec son corps, ne pas avoir honte de mettre des jupes, sans être des nymphomanes qui couchent avec tout ce qui porte pantalon! C’est sûr que si on est habillée sexy, on attire le regard des hommes. Mais ce n’est pas parce qu’on te sourit, qu’on est habillée de façon seyante et qu’on accepte de parler et de danser avec toi qu’on veut finir la soirée avec toi! Et si tu crois que la façon dont on s’habille signifie qu’on te veut, alors TU as un problème.

P.S. D’ailleurs, les gars, ce n’est pas parce qu’une fille porte une jupe/robe dans un club que ça veut dire qu’elle se cherche nécessairement quelqu’un avec qui finir la soirée. Gardez-ça en tête.

3. Si les salopes étaient des mecs, elles seraient les plus cools.

Juste comme ça, les gars… Quand on est plus jeunes, quel genre de mecs est considéré comme étant le type de gars trop cools? C’est, bien entendu, le Don Juan, celui qui se tape le plus de filles possible, qui couche à gauche et à droite, sans trop s’engager. Lui, il est génial. Son «tableau de chasse», si on veut, est impressionnant. Les filles veulent être avec lui, sans jamais lui mettre le grappin dessus, et les mecs veulent être lui, sans jamais y arriver.

Or si on regarde la situation d’un point de vue inverse, alors c’est complètement différent…

La fille à l’aise dans sa sexualité, celle qui a des relations sexuelles protégées quand elle le désire avec qui elle veut, cette fille sûre d’elle que les filles adorent détester et dont les garçons désirent le regard, elle est une salope. Tout cela parce qu’elle couche à gauche et à droite, parfois pas avec le même garçon.  Et pourtant, elle a le même comportement que l’idéal du mec cool cité plus haut. Seulement, comme elle n’est pas un garçon, ça ne passe pas.

Et nous qui croyions avoir réglé la question de l’égalité de sexes et des stéréotypes…

4. Les salopes n’attirent pas les violeurs; ils sont souvent plus proches qu’il n’y paraît.

On a tendance à se dire que la plupart des viols arrivent aux filles qui s’habillent de façon aguichante, dans une rue sombre tard dans la nuit. Pourtant, ce n’est pas le cas. En fait, la plupart des violeurs sont connus de la victime. Ça peut être un ami, un collègue de travail, un membre de la famille…ou même votre copain/conjoint.  En effet,  selon les statistiques de l’article, chez les victimes adultes tout comme chez les moins de 18 ans, plus de 70% des victimes connaissaient l’agresseur. De plus, la plupart des auteurs de crimes sexuels ne se souvenaient pas de ce que leur victime portait lorsqu’ils ont commis leurs crimes. Ces études et chiffres rendent la théorie de la fille s’attirant le crime sans fondements.

5.Il faut toujours garder en tête la force des mots.

Ce point est fort à propos, surtout avec le suicide récent de Marjorie Raymond, victime d’intimidation. Le mot salope, ou slut en anglais, a une connotation très négative. Mot utilisé depuis des siècles pour rabaisser les femmes, les soumises. Ce terme implique beaucoup de choses, notamment qu’elle n’a pas droit au respect ni à la sécurité, tel que mentionné par l’auteure de l’article. De plus, en propageant les stéréotypes selon lesquels seules les salopes se font violer, les victimes ont tendance à culpabiliser, à croire qu’elles l’ont bien cherché et que la police ne pourra pas les aider. Comme si se remettre d’un tel traumatisme était déjà facile en soi, faut-il en plus en rajouter?

Alors, la prochaine fois que vous serez tentés de traiter une fille de salope, de pute ou tout autre synonyme du genre, gardez ça en tête.

Stéphanie Deschênes

Source: ÉLIE MORIN, Marie-Claude. « Les salopes en ont ras le bol!», Elle Québec, octobre 2011, p. 137 à 146.

1 commentaire

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Une réponse à “La Marche des salopes

  1. Rachelle Jolie

    Mais voyons! C’est quoi le but de cet article? Ark

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