Une membre de Pussy Riot dénonce un procès « de type stalinien »
Les dernières déclarations devant le tribunal de Moscou des trois membres du groupe de punk rock russe Pussy Riot, jugées pour une « prière » anti-Poutine, étaient attendues. Mercredi 8 août, Nadejda Tolokonnikova, a dénoncé « un procès de type stalinien ». Ce procès ressemble à celui des « troïkas de l’époque de Staline », a déclaré la jeune femme, en allusion aux groupes de trois personnes (troïka) qui à l’époque de la terreur stalinienne condamnait à des années de camp ou à même à mort de manière arbitraire et expéditive.
« Notre place est en liberté et pas derrière les barreaux », a-t-elle ajouté en estimant qu' »un ordre politique a été donné ». « Les Pussy Riot sont les élèves et les descendants des dissidents », a conclu Nadejda Tolokonnikova en affirmant que « ce procès est celui de tout le système politique » russe. Le tribunal de Moscou rendra son jugement le 17 août.
Les trois jeunes femmes du groupe de punk Pussy Riot ont reçu le soutien de députés allemands et de Yoko Ono, veuve de John Lennon. Le procureur a requis mardi 7 août trois ans de camp à l’encontre des prévenues, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, jugées pour « hooliganisme » après avoir chanté le 21 février, encagoulées, avec guitares et sonorisation, une « prière punk » contre le président Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.
LE SOUTIENT DE CENT VINGT DÉPUTÉS ALLEMANDS
Dans une lettre signée par cent vingt députés des cinq groupes parlementaires de la chambre basse du Parlement allemand (Bundestag), adressée à l’ambassadeur de Russie à Berlin, les parlementaires se disent « préoccupés » par la procédure judiciaire visant les Pussy Riot, en détention provisoire depuis cinq mois. « Nous estimons que la détention provisoire de plusieurs mois et la peine élevée requise sont draconiennes et démesurées », écrivent les députés dans cette lettre publiée par l’hebdomadaire Der Spiegel sur son site.
De son côté, l’artiste d’avant-garde Yoko Ono en a appelé au président Vladimir Poutine pour libérer les jeunes femmes, dans un message sur son compte Twitter. « Monsieur Poutine, vous êtes un homme sage, vous n’avez pas besoin de lutter contre des musiciens ou leurs amis. Gardez de la place en prison pour de véritables criminels », a écrit Yoko Ono.
Mardi, la chanteuse américaine Madonna avait rejoint d’autres stars internationales de la chanson en apportant son soutien aux Pussy Riot lors de son concert à Moscou où elle a assuré prier pour leur libération.
Par ailleurs, une source haut placée à la chambre basse du Parlement russe et proche du Kremlin a indiqué au quotidien Nezavissimaïa Gazeta de mercredi que la condamnation des Pussy Riot serait probablement inférieure aux trois ans de camp requis par le procureur. Mais cette source anonyme a ajouté être sûre que les trois jeunes femmes ne seraient pas relaxées comme le réclame la défense : « Autrement on se poserait la question – mais pourquoi au juste ont-elles été en détention ? » « La peine couvrira probablement la détention provisoire et sera un peu supérieure. Il serait absurde de les libérer immédiatement à la sortie du tribunal », a ajouté cette source.