Dans un très beau texte paru dans Le Monde, la romancière québécoise Perrine Leblanc explique aux Français ce qu’elle comprend de la crise actuelle. Voici un extrait:
«La voix des étudiants porte et nous sommes maintenant des centaines de milliers à être de tout coeur avec eux. La colère de cette génération est saine et plus éloquente que le discours terne que lui oppose le gouvernement dans sa novlangue libérale. La colère des étudiants m’a gagnée lorsque les affrontements violents entre les manifestants et les forces de l’ordre se sont intensifiés à un point tel que la brutalité policière m’a rappelé la violence qui détruit les pays et celle que je décris dans la fiction romanesque. On charge les manifestants, on les matraque, on les asperge de poivre de Cayenne ; on lance dans la foule des balles de caoutchouc et des bombes de gaz irritant.
Il y a des blessés, mais heureusement personne n’a été tué. Les étudiants qui marchent, manifestent pacifiquement et défient l’autorité du gouvernement et des policiers avec humour ont bouleversé l’image que je me faisais du Québec. Ils ont été brutalisés de manière révoltante dans un pays inaccoutumé à de tels débordements. C’est arrivé chez moi, chez nous ? Cette violence qui pour moi appartenait au domaine de la fiction est possible chez moi, dans ma cour, dans mon quartier ?
J’ai compris qu’il se passait quelque chose de plus important encore que l’affrontement entre deux générations, entre un gouvernement obstiné et des étudiants mobilisés. Le Québec a un devoir, celui d’évoluer dans le respect de la social-démocratie qu’il a construite. Il l’a oublié, ce devoir. La devise qu’on peut lire sur les plaques d’immatriculation québécoises dit le contraire : « Je me souviens. »» Lire tout l’article ICI.
Voir aussi: «Printemps érable»: Cent jours de grève étudiante au Québec, l’infographie préparée par Le Monde.
BLx