Dans son livre L’Occident expliqué à tout le monde, Roger-Pol Droit fait bien ressortir l’une des difficultés qui se présente à qui veut comprendre cette civilisation qui, à tort ou à raison, a exercé et exerce toujours une influence décisive sur le cours du monde, un difficulté qui tient donc au fait que l’Occident est souvent considéré comme porteur du pire et du meilleur. Le meilleur: la philosophie, la science, la démocratie, les droits de l’homme, la laïcité, l’égalité homme/femme, la liberté de l’individu, «le débat permanent sur ce qu’est la vérité», etc. Les Lumières en somme. Le pire: la domination, le capitalisme sauvage, l’exploitation des peuples et de la nature, le colonialisme, le consumérisme, la destruction de la diversité culturelle, le matérialisme, etc. Le nihilisme en somme. L’un des cas de figure de cette ambiguïté où se conjuguent «la face claire et la face sombre de l’occident» est celui de l’émancipation des peuples dominés: «Quand les pays qui avaient été colonisés ont fini par reprendre leur indépendance, ce fut en empruntant à l’Occident sa conception des droits politiques, de la liberté d’expression et de l’autonomie. Les outils intellectuels forgés par l’Occident ont donc été retournés contre sa domination», écrit Roger-Pol Droit (p.52). Or ce samedi j’ai trouvé dans Le Devoir la parfaite illustration de cette ambiguïté dans l’analyse que font les politologues Adel Rifaat et Baghat el-Nadi, connus sous le pseudonyme de Mahmoud Hussein, des événements qui, après la Tunisie, secouent maintenant l’Égypte:
«Pour que s’exprime un besoin de liberté individuelle, il faut d’abord que soit née la figure moderne de l’individu. L’individu, c’est qui? C’est le fonctionnaire, l’universitaire, l’avocat, le médecin, l’ingénieur. C’est aussi, peu à peu, l’ouvrier industriel. Il s’agit d’un nouvel acteur social, né au forceps, sous pression coloniale, à partir de l’éclatement des communautés traditionnelles, tribales, urbaines ou villageoises. Avant son émergence, le besoin de liberté personnelle n’a pas de sens, le chef traditionnel parle pour les siens et tout est dit. Avec son émergence, des aspirations nouvelles commencent à s’exprimer. Dans le monde arabe, elles vont lentement pénétrer les milieux religieux et, dès la fin du XIXe siècle, conduire au réformisme musulman, lequel, à son tour, va inspirer les premiers dirigeants du mouvement national au début du XXe. On débat alors de la question: comment pourrons-nous chasser l’occupant? En lui volant le secret de sa supériorité, c’est-à-dire en nous ouvrant à la pensée des Lumières, ou au contraire en nous crispant sur un fondamentalisme rigoureux? Le nationalisme sera-t-il à dominante laïque ou à dominante intégriste? L’histoire a tranché. Les nationalistes laïcisants ont historiquement gagné la partie. C’est l’époque où un grand intellectuel égyptien, l’ouléma Abdallah el-Nadim, a cette formule: «Le colonisateur est à la fois notre ennemi et notre professeur!» Le Devoir 5 février 2011.
Le colonisateur est à la fois notre ennemi et notre professeur. Le caractère paradoxal de cette dernière phrase donne beaucoup à penser!
BLx



2 choses me viennent a l’esprit après une lecture que je doit qualifier de rapide:
»Le meilleur: […] la démocratie. » aahh oui vraiment?
Dans le même ordre d’idée, vous parlez d’émergence de la classe ouvrière, n’est-ce pas la »l’esprit appétitif de la cité »? Meh! c’est emplis de contradictions le collège!
et »Le colonisateur est à la fois notre ennemi et notre professeur. »
C’est pas une preuve de lâcheté? de piller sur nos principe par soumission? (désolé si j’ai mal saisi le sens profond de la citation)
De ce que j’apprends de mon cours sur le monde arabe – qui est vraiment illuminant – eh bien j’apprends comment l’islam est une religion rigoureuse, tellement ancrée profondément dans le sol depuis des lustres, et où, si elle a changé politiquement, elle a gardé depuis le 7e siècle les mêmes rituels et croyances, au contraire du christiannisme. (Je ne pourrais me prononcer sur le judaìsme) De plus, religion et code de vie moral et juridique et politique ont toujours été mêlés, sauf peut-être sous les Ottomans où il y eut une politisation qui prit le dessus, impliquant une certaine perte de la pratique accrue et intègre du culte. Mais les retours aux sources, on aime ça n’est pas, toutes civilisations ont leur passe romantique ! et je vois ca comme ca avec l’Iran par exemple. L’infidele a conquérir, cest rendu les USA, pas les provinces voisines. Mais normalement, avant de conquérir un proche, on es sensé lui proposer de se convertir ouvertement à l’islam… hihi.
Enfin. QUE DE CHOSES À DIRE. Mais je dois aller prendre mon bus ! Je reviendrai 🙂
Les nationalistes laïcisants ont historiquement gagné la partie ? Pas sûr. En Israël le sionisme était au départ laïque puis dans les années 1970 est devenu fortement judaïque (après la Guerre du Kippour), le pan-arabisme a échoué et a été remplacé par le pan-islamisme dans les années 80-90… on pourrait faire le tour de la planète en donnant des exemples.
Jacynthe a raison en disant que selon la religion musulmane, « avant de conquérir un proche, on es sensé lui proposer de se convertir ouvertement à l’islam ». Les interprétations officielles du djihad que font les quatre principaux courants juridisprudenciels de l’islam sunnite laissent comprendre sans l’ombre d’un doute que le djihad est une guerre religieuse offensive obligatoire, un devoir pour tout les hommes de confession islamique.
Voir le milieu de cet article :
http://ralliementidentitaire.wordpress.com/2011/02/22/djihad/